Après toutes les bonnes critiques lues ici, ce n'est que justice de décrire ma déception. des points positifs pour l'ambition et la richesse du vocabulaire, mais nettement desservie par un manque cruel d'originalité et d'impact.
Pour les points positifs, il y a une claire envie de créer une mythologie avec ce roman, et d'établir un réseau de connexions discrètes entre les différents 'contes'. Ils multiplient les perspectives dans cet univers, et y ajoutent des teintes et points de vues variés (entre autre par l'utilisation de différents styles d'écriture). La lecture est relativement fluide, assertie d'un vocabulaire riche. Chaque nouvelle utilise la structure narrative de contes, en garde la légèreté et appuie sur la 'lecture de la morale', renforçant implicitement le côté léger et oral du style.
Par contre, il y a plusieurs points négatifs qui ont fini par lasser mon plaisir de lecture. Tout d'abord les récits sont convenus et prévisibles. En plein contraste avec l'ambition d'illustrer un millénaire de monde imaginaire, il forme un support relativement fade pour l'exercice d'écriture, qui n'atteint pas son ambition de cohérence globale sur l'Histoire de ce monde. Cette sous structure entre les contes est soit bien trop maigre (culte de la vieille déesse peu déchiffrable), soit soit trop renforcée (le chevalier aux épines trop souvent référencé dans le conte qui le suit). Il y a ensuite des facilités prises clairement dans les références pour donner des couleurs aux univers (que ce soit la référence aux elfes apparaissants hors de contexte, ou le lexique italien pour donner un ton à la ville dans Mauvaise donne), ce qui terni cette idée de 'richesse rare' de ce monde imaginaire.
Conclusion: sans avoir lu Gagner la guerre, je ne peux pas donner une bonne note à ce roman, ou excuser qu'il ne soit qu'un préambule à l'univers tout en étant incapable d'être un ouvrage indépendant. Il reste pour moi un exercice d'écriture sur un thème donné, offrant certes une lecture fluide, mais qui ne semble aboutir à rien.