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Le texte :
Camille et Patrick semblent vivre une petite vie tranquille et bien rangée, avec leur fille Emma, 5 ans. Camille a pourtant un amant depuis quelques semaines et semble perdue dans l’attitude à adopter vis-à-vis de son mari et de son amant… sans trop se soucier de sa fille qui la surprend pourtant en train d’enlacer son amant, à son propre domicile !
Concomitamment, Emma part en sortie scolaire de fin d’année avec son école. Au cours de cette journée, elle se perdra en forêt. Sa maîtresse, Mylène, partira à sa recherche. Emma ressortira de la forêt mais pas Mylène, diabétique, dont la disparition et l’absence de traitement d’insuline dont elle dispose inquiètent son père, Etienne… l’amant de Camille.
Vous avez donc là résumé le cercle restreint des protagonistes de cette histoire où personne ne sais rien. Emma occulte, consciemment ou pas ?, ce qui lui est arrivé dans la forêt (qui l’a retrouvé ? pourquoi a-t-elle le foulard de sa maîtresse autour du bras ? Où était-elle ?). Camille ne sait pas quoi faire tiraillée entre sa famille et son amant. Patrick semble prendre le parti de sa fille contre sa mère et on se demande s’il se doute de l’infidélité de sa femme ou pas ? Patrick cache un passé violent dans lequel il a du élever seul sa fille ?
Ce qui ressort d’emblée dans le roman de Barbara Abel c’est l’antipathie générée par ses personnages. Aucun ne trouve grâce ni à ses yeux, ni aux nôtres. Chacun reste prisonnier de son rôle respectif. Aussi bien les personnages principaux que les personnages secondaires de la directrice de l’école aux collègues de Mylène en passant par les parents d’élèves. Patrick se pose en parent impulsif et prompt à rejeter toutes les fautes sur l’institution où travaille Mylène ; Emma est une enfant on ne peut plus caractérielle et disposant d’un fond de méchanceté assez impressionnant ; les parents des copines de classe d’Emma se lâchent autant sur Emma que sur Mylène et leurs caractères difficiles ; Etienne est colérique et sanguin ; and so on…
Ensuite, je ne suis pas un spécialiste des attitudes et réactions qu’une enfant de 5 ans pourrait avoir face à l’infidélité de sa mère à l’encontre de son père, mais je ne vois pas une telle enfant, malgré son fond de méchanceté avéré par tous les témoignages, ourdir le plan conçu par Emma, ni le tenir sur le long terme, soutenu ou non qu’elle soit par son père. L’idée que je me fais des enfants, des miens en tous cas, est qu’ils diraient ce qu’ils ont vu, qu’ils ne nieraient pas savoir… en tout cas pas aux extrêmes auxquels Emma nous confronte.
A ce titre, je trouve que le roman manque de cohérence globale sur les attitudes et réactions des différents personnages, comme si l’auteur se sentait obligée de forcer le trait, d’être outrancière pour justifier le déroulement de son histoire.
En toute fin de livre, Barbara Abel parvient à dénouer le seul fil rouge intéressant de son histoire : la proximité de caractères entre Mylène et Emma qu’elle parvient à se faire se rejoindre dans son dernier chapitre en plaquant à Emma la même histoire d’abandon que celle vécue par Mylène, au même âge. Cette excellente idée finale ne permet pas toutefois de faire de ce « Je sais pas » un polar hautement recommandable. Mais bon, après, l’expérience prouve que les échecs d’un auteur ne sont pas forcément représentatifs de son travail et qu’il faut (presque) toujours lui laisser une seconde chance.