Publié sur L'Homme qui lit :
Je n’aime pas les enfants. Ça paraît souvent exagéré, lancé comme une provocation, une boutade, mais c’est pourtant vrai : j’ai horreur des chères têtes blondes devant lesquelles la plupart de mes congénères s’extasient. Avec ce nouveau polar de l’auteur belge Barbara Abel, soit son dixième roman, les choses ne sont pas prêtes de s’arranger…
Lors d’une sortie scolaire en forêt, Mylène la jeune institutrice se retrouve dans une situation difficile lorsque la jeune Emma, cinq ans, décide de n’en faire qu’à sa tête. En perfide manipulatrice, elle réussit parfaitement à cliver les adultes autour d’elle, opposant avec une facilité déconcertante sa maîtresse et une autre accompagnante, tout comme ses parents, un peu plus tard dans la lecture.
Seulement voilà, puisqu’il faut un drame dans ce genre de roman, Emma est manquante lorsque les enfants sont comptés à l’issue de la balade. Ni une ni deux, notre courageuse mais globalement immature enseignante part à sa recherche dans les bois, armée d’un extraordinaire sens de l’orientation féminin. Elle trouvera l’enfant, tombée dans une sorte de puit naturel, et se retrouvera elle-même coincé avec elle lorsqu’elle tentera de l’aider.
Un peu plus tard, alors que la petite Emma est retrouvée par les gendarmes mobilisés après sa disparition, et bien que l’on soit toujours sans nouvelles de Mylène, l’enfant déclarera « je sais pas » lorsqu’on la questionnera sur la localisation de sa maîtresse, dont elle porte le foulard noué autour du bras. Machiavélique, l’enfant.
La suite du roman tourne autour de la disparition de l’institutrice, au passé agité, diabétique sous insuline, et dont le père n’est autre que l’amant de la mère de la petite Emma. Vous les voyez, les grosses ficelles ?
Je n’ai pris aucun plaisir à la lecture de ce polar trop facile, rarement raccord. Peut-être que ne partage pas l’hypersensibilité d’un lectorat féminin, mais j’avais en permanence l’impression que les personnages étaient au bord de l’hystérie, la mère d’Emma étant particulièrement insupportable. L’enfant n’est absolument pas crédible, l’auteur lui prêtant volontiers des traits totalement inadaptés pour une enfant de cinq ans, la transformant en petite créature diabolique aux calculs froids. Probable déformation professionnelle, mais je n’ai pas non pas été emballé par la pseudo urgence amenée par le diabète, l’histoire étant sur ce point irréaliste. Enfin, j’ai globalement été agacé par cette usante sensibilité à fleur de peau, cette panique permanente. Un bouquin qui donne envie de se bouffer un Lysanxia et de se faire un bilan thyroïdien. Décevant !