Mon avis : Dans Je sais pas, Barbara Abel met en scène une famille avec ses secrets les plus inavouables. En effet, quand Emma revient seule, elle a un le foulard de sa maîtresse autour du bras. Pourquoi ? Elle l’a donc forcément rencontrée en forêt… Mais dans ce cas, où est Mylène ? Que lui est-il arrivé ? De plus, le lecteur ne va pas tarder à découvrir que Camille, la mère d’Emma, entretient une relation adultérine avec Étienne, le père de Mylène. Or, peu de temps avant la double disparition, Emma a surpris sa maman dans les bras de cet homme. Ainsi, tait-elle de façon consciente l’endroit où est sa maîtresse, ou ne le sait-elle réellement pas ? Par ailleurs, nous n’allons pas tarder à découvrir que Mylène est diabétique. Le temps dont disposent les forces de la police pour retrouver la jeune femme est donc tout particulièrement compté.
Une nouvelle fois, Barbara Abel nous propose des personnages relativement travaillés. Il y a tout d’abord Emma, cette petite fille qui a un je-ne-sais-quoi d’inquiétant. Mise à l’écart par ses camarades, son comportement et ses réactions parviendront à faire ressentir un certain malaise – voire effrayer – jusqu’à sa propre mère. Camille, la jeune maman, n’est plus vraiment épanouie dans son mariage, et c’est auprès du père de l’institutrice de son enfant qu’elle va parvenir à retrouver le frisson, à ressentir des émotions… Mais cette relation va être aussi intense que source de pression lorsqu’Étienne va être à la recherche de sa fille. En effet, il est persuadé qu’Emma sait où se trouve Mylène, et il n’hésite pas à menacer son amante de tout révéler à son époux si la jeune femme ne parvient pas à faire parler sa fille. Quant à l’institutrice, nous n’allons pas tarder à découvrir qu’elle aussi est relativement instable, et son père n’est pas totalement indifférent à tout ça…
Malheureusement, cet ouvrage a, à mon sens, deux gros défauts. Tout d’abord, une fois arrivée au premier tiers du roman, l’auteure nous divulgue certaines informations… et clairement beaucoup trop d’éléments. En effet, à compter de ce moment, je me suis dit que le fin mot de l’histoire était sans doute… Et j’avais raison ! Au fur et à mesure que j’ai avancé dans ma lecture, j’ai compris que j’avais vu juste… Quel dommage ! Par ailleurs, il semblerait que Barbara Abel ait traité d’un sujet qu’elle ne maîtrise apparemment pas bien. En effet, elle donne diverses informations plutôt fausses. Ainsi, elle décrète que Mylène est diabétique parce que son père l’est, et que c’est une maladie héréditaire… Sauf que d’après le site de l’INSERM, « aucun gène ne peut expliquer à lui seul la maladie » dans le cas d’un diabète de type 1. Par ailleurs, l’auteure est, selon moi quelque peu désagréable, en martelant le texte de « il lui faut sa dose » d’insuline, pour insister (lourdement) sur le fait que le temps de Mylène est compté. La tournure est assez abjecte, et me donne davantage l’impression qu’elle parle d’une droguée que d’une personne souffrant d’une maladie. Et à mon sens, on touche clairement le fond quand
Mylène, prise au piège dans un trou, a des problèmes de vue après 24 heures sans insuline, et décède après 48 heures. Un manque d’insuline ne provoque pas la cécité, mais c’est bien un déséquilibre sur le long terme. Et s’il ne fait aucun doute qu’un diabétique sans insuline sera très mal au bout de 48 heures, il ne mourra pas aussi rapidement.
Je ressors donc vraiment déçue de ce thriller, d’autant plus que j’ai toujours beaucoup aimé les récits de Barbara Abel… Un ouvrage qui avait un réel potentiel, mais qui est mal exploité et victime de certains « clichés ».
À recommander : Je ne recommande pas vraiment ce livre, l’auteure en a écrit d’autres qui m’ont beaucoup plus plu, comme Derrière la haine, L’Innocence des bourreaux ou encore Duelle.
Une citation : « L’ignorance génère une imagination féconde. Ne pas savoir, c’est envisager tous les possibles. Et parmi ces possibles, le pire est toujours celui qui s’impose à l’esprit avec le plus de férocité. » (24 %)
Ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/11/19/je-sais-pas-barbara-abel/