Un roman palpitant et très bien construit, mais parfois un peu dérangeant
Ce roman pose un vrai problème à qui veut le critiquer : on tient là un livre d'une efficacité assez remarquable, qui se lit en quelques jours en dépit de sa longueur (plus de 800 pages en format poche) et les différentes intrigues se croisent de façon très intelligentes.
Pour autant, il n'est pas exempt de défauts. Hayes semble adorer les formules du type "si machin n'avait pas fait ce tout petit acte anodin, le monde n'aurait pas connu un cataclysme". Une fois, ça va, mais à la cinquième ou sixième on commence à avoir compris. Et surtout, on est parfois gêné à la lecture par la vision très caricaturale de l'Islam qu'a Terry Hayes. Que le protagoniste se batte contre un terroriste islamiste, ok, pas de problème, d'autant que celui-ci est plutôt écrit de manière assez fine. Mais on se serait aisément passés de petites remarques type "le chauffeur de taxi me prenait pour un fou, mais sa religion pense que c'est tout à fait justifier de lapider une femme" qui n'amènent rien d'autre qu'un vrai sentiment de malaise.
Dommage, sans ces phrases sans intérêt ce livre aurait été une oeuvre maîtresse de la littérature d’espionnage de cette décennie. Là il est simplement un livre agréable à lire si on peut passer outre ce triste soupçon d'islamophobie.