Chat-Mallow
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le 30 mai 2011
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Une nouvelle lecture de Sôseki et c'est encore un plaisir ! Dans ce roman... mais-ce vraiment un roman ? Arrêtons-nous un instant là dessus. Je suis un chat ressemble plus à un essai d'anthropologie sociale effectué par un animal malicieux, intelligent et curieux.
En effet le chat narrateur passe plus de temps à nous parler de nous, que de lui, même si à quelques rares occasions il nous parle de son comportement, de ses loisirs voir de ses rencontres avec d'autres animaux. L'essentiel de cet ouvrage consiste, par le bais du regard parfois moqueur, parfois condescendant, parfois observateur, à caractériser les comportements humains et plus particulièrement ceux de quelques personnages plus ou moins loufoques que sont le maître du chat, Kushami, et certains de ses amis/connaissances comme Kangetsu ou Meitei.
Ce point de vue permet d'apporter un ton comique à des observations qui auraient pu être plus sentencieuses, plus académiques mais aussi plus désabusées si elles avaient été relatées par un narrateur humain. La légèreté, l'ironie et la critique de l'animal permettent à l'ouvrage d'être toujours sur un fil entre le bizarre, le comique et l'essai scientifique. Avec des situations simples, des dialogues agrémentés des commentaires du chat, Sôseki parvient à peindre des personnages japonais censés retranscrire des problématiques ou des évolutions de la société de l'époque. C'est passionnant, parfois drôle, souvent pertinent et les personnages nous touchent par leurs défauts plus que par leurs qualités, chose assez rare pour être soulignée, et qui démontre toute l'excellence du romancier japonais.
Si certains passages sont moins captivants, d'autres sont assez mémorables comme ce dialogue quasi final qui dure des pages et des pages mais happe le lecteur dans le burlesque de ses échanges, avec des histoires superficielles contées comme des légendes dont se moquent même les protagonistes. Toute cette dérision voir auto dérision amuse autant qu'elle révèle les tares des individus, qui peuvent aussi se montrer plus sérieux et plus pertinents lorsqu'ils abordent de manière pourtant légère des sujets plus délicats comme l'évolution des mœurs, de la société japonaise (notamment la place des femmes), du suicide et bien d'autres.
Le tout est comme toujours un régal à lire, la plume de Sôseki étant, même à travers la traduction, parfaitement reconnaissable pour peu que l'on ai aimé d'autres de ses œuvres.
Je ne suis pas prêt de me lasser de cet auteur !
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Créée
le 14 janv. 2023
Critique lue 21 fois
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