Prince's Game
J'ai entendu tellement de fois qu'il ne se passait rien dans ce roman que j'ai bien failli avoir peur et en repousser la lecture. Linéairement parlant, effectivement, ça n'est que l'histoire d'une...
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le 14 sept. 2012
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En 1991, Stephen King n'a rien perdu de sa superbe question montée d'adrénaline et situations cauchemardesques. Il opère tel un génie de la terreur en s'insinuant dans les névroses les plus profondes, toujours liées à l'enfance et Jessie en est bardé.
Car ce qui accroche le lecteur, le sujet marionnette de ce roman, celui qui met la poudre aux yeux, est cette situation où un couple en manque d'inspiration se retrouve dans leur chalet dans le Maine pour une séance sexuelle menottée, lorsque pris d'un sentiment de malaise, Jessie refuse de participer au jeu et frappe de deux coups de pieds son mari, accélérant le processus d'arrêt cardiaque qui lui pendait au nez. Le mari meurt et Jessie reste tout bonnement attachée au lit, avec le cadavre de son julot étendu par terre.
Je reste profondément convaincu que sous ses aspects de maître de l'épouvante, Stephen King est un humaniste profond malgré lui. Déjà parce qu'au travers de ses romans, il critique une société malade, les parodiant toujours avec une certaine tendresse, mais avec tout ce qui fait que l'être humain est bourré de nuances toutes aussi contradictoires les unes que les autres.
Jessie se veut dénoncer le viol conjugal, l'inceste, la victimisation qu'on impose à certaines femmes qui font le choix de ne pas se considérer comme victimes d'une oppression et d'agressions sexuelles pour puiser une certaine force en elles. Mais King étant un enfant de cette société, il met souvent les pieds dans le plat, et quelques trente ans après, certains passages nous semble un peu old school sur sa prise de position ; paternaliste et protecteur.
Toujours est-il que vue la notoriété du personnage, King touche un public large, et déjà en 1990, parler de Gloria Steinem en faisant comprendre qu'on l'a lu et en ayant retenu des passages importants de ce qu'elle a pu écrire relève d'un caractère humaniste et progressiste.
Voilà pourquoi j'adore King, il est ce parent maladroit qui tente de comprendre les fonctionnements de la société tout en mettant en avant son caractère humain qui se donne droit à l'erreur et qui se corrige d'un roman à l'autre au fil du temps (Sleeping Beauties montre les progrès réels qu'il fait en ce qui concerne le féminisme, même s'il n'est pas parfait).
Pour en revenir à Jessie, il faut accepter d'aimer les huis-clos, les situations où chaque détail s'étire à l'infini, quitte à y consacrer des chapitres entiers sans faire forcément avancer l'intrigue. Mais c'est aussi grâce à ça qu'il fait monter crescendo l'angoisse qui vient se réfugier dans notre cerveau, nous donnant envie de bouffer son livre façon glouton de première cordée.
Je n'ai pas encore vu l'adaptation donnée par le réalisateur des The Haunting ... mais vu comment j'ai apprécié les deux séries, je pense que c'est un film qui est resté discret lors de sa sortie, qui doit comporter certains défauts mais qui doit se laisser regarder, à l'instar de beaucoup d'adaptations foirées du maître de l'épouvante.
Bref, lire Jessie est aussi divertissant qu'intéressant, et fait donc partie des oeuvres de King à lire sans modération !
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Créée
le 19 janv. 2021
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