Rarissimes sont les romans dans lesquels Jésus occupe une place alors même que c’est un personnage qui pourrait évoluer dans bien des intrigues, naturellement limitées aux romans historiques ou de SF. C’est dans ce dernier genre qu’a décidé de le faire évoluer Eschbach. Quoiqu’on en soit aux limites, j’opterais plutôt pour un polar ou un thriller ésotérique façon Eco, bien avant la lignée des Dan Brown, où le jeune aventurier serait le fils spirituel de Lara Croft et Indiana Jones.
Bien que jésus lui-même n’en soit pas le héros, il en est le détonateur, celui par qui l’inimaginable se produit : Au hasard d’une fouille dans une tombe, un jeune archéologue amateur se rend compte qu’on L’aurait filmé, il y a plus de 2.000 ans !
L’intrigue est posée et l’invraisemblable aventure peut commencer.
On peut tout dire et son contraire sur ce genre d’ouvrage.
Le voyage spatio-temporel comme artifice éculé est trop commode ; d’accord mais on peut alors éliminer d’emblée plusieurs dizaines de romans et de films, et pas des moindres.
Le procédé narratif en cascade assez classique qui amène une action à rebondir pour en créer une autre qui provoque une découverte étonnante qui elle-même conduit à une révélation inattendue qui etc…etc… Oui, mais ça fonctionne et les scénaristes de séries à succès d’aujourd’hui ne procèdent pas autrement or l’auteur a écrit ce livre il y près de vingt ans !
Jésus vidéo est une très jolie trouvaille, finement travaillée, montant astucieusement en puissance au cours des pages et remarquablement documentée, souvent jusque dans les petits détails. L’auteur a eu de plus le bon ton de ne pas s’enliser dans le conflit politique israélo-palestinien ni d’ériger Jésus en une apparition christique suintante de bonté.
Et c’est peut-être la fin de ce roman qui nous réservera sa plus belle surprise, et sa part la plus étonnante puisqu’elle divisera les personnages eux-mêmes, comme si ceux-ci se voulaient la doublure du lecteur face à leur interrogation : la foi ou la science qui croit toujours avoir une réponse à tout ?
Mais Andreas Eschbach n’est pas un évangéliste, c’est un romancier. Et c’est très bien comme ça !
Le livre a été adapté par la télévision allemande (Das Jesus video) mais je m’étonne qu’un réalisateur comme Spielberg n’en n’ait pas acheté les droits pour le cinéma, c’était un sujet en or massif pour Hollywood.