Comme pour "Les étoiles s'éteignent à l'aube", le premier livre de Richard Wagamese publié en français, "Jeu blanc" est un condensé d'émotions pures qui nous emporte dans la partie nord du Canada, et nous fait vivre le cauchemar vécu par les indiens Ojibwés et les autres peuples autochtones.
Sous prétexte de l'assimilation, des milliers d'enfants autochtones ont été arrachés de force (volés) à leurs parents pendant des dizaines d'années pour être placés dans des pensionnats religieux où les prêtres et les soeurs n'étaient rien d'autre qu'un ramassis de tortionnaires pédophiles...
Pour Saul, le narrateur du livre, heureusement qu'il y aura le hockey, sa seule échappatoire du pensionnat... jusqu'à ce qu'il perde l'esprit du jeu sous la pression du racisme. Car le hockey est un "jeu de blancs" et il est très mal vu qu'un indien y soit le meilleur... que ce soit par le public, l'équipe adverse ou ses propres coéquipiers. À savoir que pour écrire son livre, Richard Wagamese s'est librement inspiré de la vie de Fred Sasakamoose, un joueur de hockey qui (contrairement à Saul) a réussi à devenir professionnel et à intégrer la LNH (ligue nationale de hockey).
Pendant toute la lecture, les émotions sont mises à vif. J'ai ressenti de la révolte, une énorme tristesse et de la honte pour ma couleur de peau. Mais comment est-il possible de faire ça à d'autres êtres humains et surtout d'avoir continuer à le faire après la Shoah (le dernier pensionnat n'a fermé qu'en 1996) ? Et il aura fallu attendre le 11 juin 2008 pour que le gouvernement canadien exprime enfin ses excuses aux peuples autochtones (https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/excuses-du-gouvernement-aux-anciens-eleves-des-pensionnats-indiens).
Les éditions Zoé ont fait le choix de ne pas garder le titre original du livre "Indian Horse" (nom de famille du narrateur) et ce n'est, à mon avis, peut-être pas plus mal. Tout d'abord ce titre résume bien le final du livre puisque, en terme de hockey, un jeu blanc est un match au cours duquel aucun but n'a été encaissé par une équipe. Et ensuite pour se démarquer de la traduction de l'édition franco-canadienne qui est différente. Encore une fois, Christine Raguet a fait un travail exceptionnel de traduction et, en tant que lectrice, je ne la remercierai jamais assez.
"JEU BLANC"... un livre mis à l'honneur dans le #picaboriverbookclub dans le cadre du "poche du mois de février/mars".