Déroutant ! Ça débute comme une chronique un douce amère qui évoque un groupe d'étudiants qui fonde un collectif de théâtre engagé. Et puis, ça part très vite dans tous les sens, avec la découverte d'un collectif rival, une curieuse histoire de vendetta, du massacre bien sanguinolent, l'appareil d'état répressif, bref du bruit, du sang, des larmes et de la fureur, sans que l'on ne comprenne très bien comment tout cela s'enchaine ou s'articule. Le tout dans des formes narratives variées, mais pour ce qui de la forme principale dans un style grandiloquent à tendance écorché vif.
Autant dire que, de mon point de vue, ce n'est pas très agréable à lire, même s'il y a de ci de là quelques très bonnes pages. En fait, le propos de l'auteur est à la fois difficile à saisir et à la fois limpide; il ambitionne de questionner le lecteur sur la nature délétère de la société et sur les formes de luttes qui permettraient de faire changer les choses. C'est du moins ce que j'en ai compris. Bon bref, c'est ambitieux, peut-être un peu trop. Certains questionnements ne sont pas inintéressants : est-il utile d'utiliser le verbe pour dénoncer ou faut-il user de moyens plus radicaux ? Pourquoi faut-il toujours que les progressistes s'entredéchirent (plutôt que de s'unir) ?
Mais tout cela est gâché par un formalisme souvent maladroit. Si certains savent utiliser le verbe pour dénoncer, l'exercice n'est pas facile à réussir. Et la fascination de l'auteur pour la violence, la destruction et le martyre, qui transparait fréquemment, pourrait finalement sembler très adolescente dans la manière dont elle est exprimée. Pas facile d'être parisien, jeune et intellectuel tout à la fois...