Bon bon bon.
Tout d'abord, pour avoir vu dans un avis que Jirel de Joiry était considérée comme "l'ancêtre de Red Sonja", je vais rétablir les choses de suite. Red Sonja est un personnage inventé par R.E. Howard et donc en aucun cas Jirel de Joiry ne peut en être "l'ancêtre". (A moins de parler de celle des comics, auquel cas c'est oublier un peu vite sa véritable "ancêtre"...).
Cette Jirel de Joiry est considérablement datée, contrairement aux femmes fortes de Howard, qui sont, elles, réellement novatrices.
On sent beaucoup trop ici l'emprise d'une culture de femmes soumises à l'homme pour pouvoir dire que Jirel de Joiry est "novatrice". Novatrice parce qu'elle est l'héroïne de nouvelles, oui, bon. Mais pas grand chose de plus.
Il m'a manqué beaucoup de choses dans cette lecture.
Déjà, pour une grande guerrière "précurseur", je l'ai trouvée considérablement gnangnan, pleurnicharde et "chancelante", un des adjectifs préférés de Moore, semble-t-il. On ne la voit jamais se battre réellement, en plus. Dans les deux premières nouvelles de ce recueil, j'avoue que ça m'a totalement insupportée, au point que je me suis demandé si j'allais continuer. On est très loin des véritables femmes fortes de Howard, finalement moins macho et supérieur dans son traitement que Moore elle-même... On aura tout vu (lu, plus exactement...).
Le pitch même de la première nouvelle est naze. La fin est totalement superficielle, voire invraisemblable. Si la nouveauté à l'époque c'était de parler des émotions, ça aurait pu être quand même un peu plus judicieux et "réaliste", parce que là, ça ne l'est pas du tout, j'en suis restée assez interloquée.
Ensuite, le manque d'approfondissement, voire de culture (historique, notamment) est assez navrant. J'ai eu l'impression de lire un mauvais mix entre Howard et Lovecraft, bourré de répétitions, d'incohérences (même dans un truc aussi simple qu'une description de Jirel, c'est tout dire. Quant à des portes magiques qui grincent et qui claquent, ça m'a donné des envies de baffes), c'est vraiment bâti beaucoup trop légèrement pour moi.
Cela ressemble trop à de l'imitation, plutôt qu'à un travail réellement original, basé sur des convictions profondes d'auteur. Que ce soit la première femme à avoir écrit dans le domaine, ok, c'est super.
Pour tout le reste, bah je suis dubitative.
Après les deux premières nouvelles que j'ai trouvées vraiment barbantes et assez mauvaises, la troisième et la quatrième m'ont plu davantage, plus originales, moins répétitives (un peu).
Et puis dans les deux dernières, je suis retombée dans l'ennui, parce que c'est quand même toujours plus ou moins la même chose ... J'ai eu beau resituer ces textes dans leur époque, bah rien à faire, je ne suis pas arrivée à trouver de circonstances atténuantes à leur auteure. C'est pas génial, non. C'est pas si original que ça, non plus. Je ne vais même pas parler des fins de chaque nouvelle, je deviendrais méchante.
Ce que j'ai ressenti à la lecture de ce recueil n'est pas enthousiasmant. J'en attendais peut-être trop, et j'en sors assez déçue.
Pas assez de "tripes" de l'auteur pour moi dans ces nouvelles, ça fait très artificiel, d'où cette impression "d'imitation" sans grande envergure.
J'ai pourtant un bon souvenir de Shambleau, lu il y a des lustres. J'hésite à le relire, et pourtant il faudrait. Parce que peut-être que mon oeil ultra-critique d'aujourd'hui vient du fait que j'ai à présent une culture fantastique bien plus importante, ayant lu beaucoup plus de Howard et de Lovecraft originaux qu'à l'époque. Sans doute, même.
Bref, je suis pas convaincue par ce recueil, décevant, de mon point de vue. La faute au désir de l'auteur d'être publiée dans un monde régi par des mecs. Il fallait forcément que ça leur plaise. Une vraie femme forte au centre d'histoires à la "Howard" n'aurait jamais dépassé le stade de la poubelle, sans doute. Rien que pour ça ça mérite quand même la moyenne.