Il n'est jamais évident de noter si durement un recueil de poésie, et il faut toujours garder à l'idée que cette note reflète une non-rencontre. Si la beauté poétique vient en effet d'une rencontre, sa non-appréciation suit logiquement d'une absence de rencontre. Ne comprenant pas le poète comment pourrait-on l'aimer ?
Pour autant, n'allait pas croire qu'il faille tomber dans le relativisme total. Si on ne peut réellement juger un poète qu'en accédant à son cœur, la difficulté d'accès est déjà un critère de notation. Jean-Louis Chrétien, en effet, ne se fait pas facile, non par orgueil, mais bien par faiblesse ici. Un Baudelaire, dans toute sa splendeur sera accessible à tout un chacun, qui, à chaque lecture, sera renforcé dans sa compréhension de l'auteur. Ici, Jean-Louis Chrétien n'essaie nullement d'être offert aux autres. Il ne s'offre pas aux lecteurs, bien malheureusement.
La forme est assez prétentieuse, se contemplant dans son usage des mots plutôt que dans la beauté qui s'y reflète. Le style est finalement assez pauvre, coupé, bien peu coulant, et, là encore, n'offrant aucune branche à saisir.
Certaines thématiques, leitmotiv de la poésie, sont utilisées mais avec une certaine pauvreté (la nudité, la nature, les mains). Le découpage du recueil n'offre guère un plan, ou une progression.
S'il faut nuancer ma critique par mon inadéquation avec le poète, que je n'ai parvenu à découvrir réellement, ne craignons pas pour autant de souligner ces défauts.
Connu pour sa maîtrise de la philosophie de l'antiquité tardive et sa propre philosophie, Jean-Louis Chrétien est pourtant un poète réputé. Force est de constater que cette réputation me semble, après cette lecture, surfaite. Il me faudra donc me pencher davantage sur les travaux du personnage.