Intrigué par son titre (celui de la couverture), j’ai emprunté ce livre en espérant découvrir une perle. Ayant survolé la présentation (au dos) j’avais eu le tort de me faire mon idée à l’avance. Après quelques chapitres, déçu, j’ai failli laisser tomber. Finalement, je me suis accroché, non que mon intérêt soit soudain décuplé, plutôt suivant le principe qui veut que j’aime bien trouver dans un livre (un film, etc.) autre chose que ce que j’en attendais. Ce ne sera pas ma lecture de l’année, mais j’y ai néanmoins trouvé de quoi proposer cette critique.


Déjà, nous avons un écrivain finlandais masculin qui écrit à la première personne du singulier, en se mettant dans la peau d’une femme, Irma. Madame Irma n’a pas de boule de cristal, sinon elle éviterait pas mal des situations dans lesquelles elle se met par maladresse. Cette maladresse, on devine rapidement qu’elle est due à sa vie faite de solitude. Une solitude qu’elle entretient à sa façon, puisque son fils qui l’appelle régulièrement, elle l’envoie parfois balader. Irma fait donc des sondages et pour cela elle sonne chez les gens plus ou moins à l’improviste. Bien entendu, on s’attend à ce qu’elle tombe rarement au bon moment et à ce qu’on l’envoie régulièrement balader. On s’attend surtout à ce que l’auteur nous fasse sourire avec des questionnaires sans intérêt, du moins pour les personnages et le lecteur. A vue de nez, des questions auxquelles on aurait envie de répondre n’importe quoi, tout sauf la vérité. La première surprise est donc de constater que les questions posées à titre de sondage sont plutôt rares au cours des quelque 327 pages de ce roman qui a valu le prix Finlandia à son auteur, Mikko Rimminen, en 2010. Finalement, c’est le lecteur qui se pose des questions, ce qui n’est pas plus mal. Qui est réellement cette Irma et que cherche-t-elle exactement ?


Les réponses viendront doucement, au rythme de la vie de cette femme (la quarantaine bien tassée) et de ceux qu’elle rencontre. Visiblement, Irma se cherche et, en allant d’un appartement à un autre, ce qu’elle décrit me semble un aperçu crédible de la société finlandaise. C’est également le portrait d’une femme qui se révèle attachante malgré ses relations chaotiques avec les autres. Il faut dire que personne n’attend après elle et que certains impondérables s’en mêlent. Ainsi, une certaine Irja devient son amie alors qu’une autre, Arja, vient également jouer un rôle dans l’histoire. Irja, Arja, le lecteur comprend mieux qu’Irma soit un peu déboussolée…


Il est question d’accidents, d’enterrements, de policiers qui n’interviennent pas à bon escient et de rencontres improbables. Rien de très original, puisque cela ne va que rarement au-delà du détail incongru. Par contre, il y a le style. Et là, autant dire que l’auteur sait se faire remarquer par un naturel assez insolite, avec une certaine gouaille entre Irma et son fils ainsi qu’avec la description des mésaventures d’Irma. Un échantillon ? Vous me croyez si je vous dis que je l’ai choisi au pif ?...


« Je meugle un nouveau « oui », et il commence à m’exaspérer, mon ouisement, il sort comme ça alors que j’essaie de toutes mes forces d’éviter ce hachage désagréable. Cela dit, ça me fait gagner une seconde de réflexion si ce n’est plus, un « oui » - encore que je ne sache pas à quoi je pourrais bien devoir réfléchir. Je devine juste que je suis étrange. Mais je finis par ajouter qu’elle pose tout de suite des problèmes, cette bagnole, vu que je ne sais même pas où aller avec. »


La traduction de Sébastien Cagnoli donne un résultat étonnant. Et, qu’on se rassure, si cet extrait est révélateur du style, il peut aussi donner la fausse impression qu’il ne se passe pas grand-chose dans ce roman. Impression qui fut la mienne avant que je décide de poursuivre ma lecture. Finalement, Irma va l’utiliser cette voiture (cadeau de son fils) et sa description de ses mésaventures au volant montre pourquoi ce livre a mérité son prix et sa traduction. Quant au titre, il est justifié mais pas de la façon qu’on imagine tout d’abord.

Electron
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le 4 févr. 2016

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