On peut voir chez Mathias Malzieu comme un refus de grandir, cette facette parfois un peu puérile (enfantine devrai-je dire) de son univers mystico-poétique, emprunt d'une naïveté fantastique, qu'on pourrait presque qualifier de burtonnienne. La Mécanique du Cœur, seul de ses romans que j'avais déjà lu, donnait déjà ce ton qu'on peut trouver au choix plaisant ou énervant (dans une histoire néanmoins prenante et très bien conçue, bien meilleure (et plus adulte) que son adaptation au cinéma). Il y a une bien souvent chez Mathias Malzieu une part personnelle, limite auto-biographique. Comment ne pas reconnaitre, toujours dans la Mécanique du Cœur, Olivia Ruiz cachée derrière le visage de Miss Acacia ? La réalité se cache derrière la métaphore.
Mais cette fois, c'est pour de vrai. Et la métaphore devient transparente. Je ne suis pas un fan de Mathias Malzieu l'écrivain (même si un concert de Dionysos restera le meilleur concert de votre vie) mais force est d'admettre que je me suis presque énervé à ne pas voir mes préjugés se confirmer.
Revenons en arrière, alors qu'un médecin de ma connaissance me conseille allègrement ce livre. J'accepte bon gré mal gré, mais au fond de moi, je sens que je ne vais pas aimer. Encore un type qui veut faire pleurer, ou pire juste attirer l'attention sur lui, sous prétexte d'une maladie rare, pour vendre ses écrits.
J'avais vu plusieurs interviews...le voir débarquer en skate sur le plateau de "La Grande Librairie" ça m'a amusé. Ses yeux d'enfants émerveillé, comme devant un sapin de Noël, quand on demande à Fabrice Luchini de lire un passage de son livre, d'accord, ça passe.
L'album n'est pas génial, mais le concert Alcaline est top. Très bien, je cette fois, je m'y mets.
Les pages passent, se tournent...et voilà le constat : jamais il ne rentre dans le pathos, jamais il ne se prend pour un héros. Son écriture enfantine et naïve rends cette épreuve et l'horreur de sa condition de vampire juste...belle. En à peine 200 pages, c'est l'histoire de l'affrontement entre Mathias Malzieu, qui voulait juste produire son film, et Dame Oclès, cette menace personnifiée dans ses moments de doutes, de faiblesse. Cette malédiction qui va transformer le chanteur de rock en un vampire qui a besoin du sang des autres pour survivre. Tout est imagé, mêlé à l'enfer du langage médical
Malzieu a eu de la chance, et le voir à nouveau remonter sur scène est un réel plaisir, comme on sent que lui-même s'éclate comme jamais, sans tomber pour autant dans ces déferlements d'énergie de ses tournées précédentes. Les vrais héros qu'il rencontre, ce sont ses médecins, le personnel hospitalier qu'il ne cesse de remercier, sa conjointe, son cercle de très-proches...
Je ne vous raconte rien, le début vous le connaissez, quant à la fin, on la constate tous jours : Mathias Malzieu est vivant.