Histoires à lire au pied du sapin

Où se trouve encore l’esprit de Noël ? Ce sentiment de compassion et d’entraide, réunissant tous les hommes et les femmes, devant s’épauler à l’intérieur et en dehors du cercle familial.

Un coup d’oeil dans les programmes télé de fin d’année pourrait laisser croire que cet esprit n’infuse plus culturellement que dans des films et téléfilms généreux en bons sentiments, parfaits pour réchauffer les coeurs sans sortir de chez de soi.

Mais la littérature a pourtant écrit Noël. De grands auteurs ont célébré ce moment de fêtes, ou ont au contraire démontré son hypocrisie. Chaque année, des dizaines de romans sortent encore, mais le sujet tourne majoritairement autour de romances qui utilisent ce contexte de fins d’années, puisque le mal du siècle serait donc la solitude amoureuse plutôt que l’absence de compassion.

Peut-être faut-il remonter plus loin, allez chercher dans des auteurs plus anciens. C’est au XIXiè siècle que Noël s’est sécularisé, protégé par les familles bourgeoises qui en ont détourné le sens religieux. Charles Dickens avec Un chant de Noël est le meilleur exemple de romans de Noël, mais il a écrit d’autres textes dessus.

On retrouve cet auteur, mais aussi bien d’autres dans ce court recueil, composé de poèmes et de nouvelles en lien avec Noël. Parmi les auteurs de prose, de grands noms sont présents tels que Francis Scott Fitzgerald, Anton Tchekhov, Marcel Aymé, Guy de Maupassant, Truman Capote ou Blaise Cendars. Le panel d’histoires a été publié entre la moitié du XIXe siècle et celle du XXe siècle, seul Sylvain Tesson fait partie des auteurs contemporains. On n'y trouvera pas de Père Noel en costume rouge (ou autre) comme pourrait le faire croire la couverture, un ajout plus tardif.

Noël peut être utilisé comme un contexte, comme le fait Guy de Maupassant, Fitzgerald ou Blaise Cendars, pour des personnages confrontés à l’étrangeté ou l'indifférence du monde ou bien à leur propre lâcheté. D’autres auteurs en font une évocation plus passionnelle, plus tendre aussi.

Avec Charles Dickens, dans Un arbre de Noël, le narrateur décrit un décor de fêtes, plein de promesses, l’occasion pour le lecteur de s’amuser de certaines incongruités que le temps a crée dans cette célébration passée et celle qu’on en fait, mais aussi de s’émouvoir que certains éléments font encore partie de notre quotidien.

Mais la plus belle histoire est celle de Truman Capote, Un souvenir de Noël. Le texte est autobiographique, et Truman Capote fera souvent référence à cette période de son enfance où il a été élevé avec les cousines et le frère de sa mère en Alabama. Dans celui-ci, il évoque les moments de fébrilité qu’entraînait l’approche de Noël avec une de ses plus cousines éloignées, agée de la soixantaine, une femme généreuse mais un peu plus simple d’esprit. Ensemble ils font des gâteaux qu’ils envoient à tous ceux qu’ils considèrent comme leurs amis, s’offrent des cadeaux qu’ils ont crée eux-mêmes, et vivent des petites aventures, comme la recherche du plus beau sapin ou endurer les remontrances des autres adultes. Leur histoire es t celle d’une belle amitié, que le temps de Noël ravive. La mélancolie amusée du narrateur est savoureuse, faisant partager ses joies et ses peines.

Ces auteurs renommés avec leurs écritures différentes mais plaisantes nous font donc revivre Noël, et son esprit en est plus ou moins retranscrit, que ce soit avec tendresse ou avec une plus grande ironie. La diversité est appréciable et le choix est bon, pour un court échantillon, il est évident qu’il y en a bien d’autres. Ce recueil s’apprécie d’autant plus qu’il n’a pas besoin de faire étalage de bons sentiments, d’appuyer trop sur le merveilleux, en somme de réutiliser les clichés habituels. C’est de plus un petit plaisir de découvrir des textes peu connus de ces grands auteurs.