Joyland est un petit bijou, le dernier né de l'imaginaire de Stephen King et qui réunit tout ce qui fait son succès et qui se lit d'une seule traite.
Deux sujets principaux font l'objet de cette courte lecture: le passage à l'âge adulte et la résolution d'un mystère venu du passé.
La première partie transpire la nostalgie. Une nostalgie d'une jeunesse perdue, sans doute idéalisée malgré les instants sombres qui la peuplent. La nostalgie d'un été des premières fois: premier amour, premier job d'été, premier cœur brisé... Toutes ces premières fois qui forgent l'expérience et qui forcent le passage à l'âge adulte, justement.
Stephen King parvient avec un talent admirable de se glisser dans la peau d'un jeune adulte à la vingtaine sans que cela paraisse déplacé, ou faux. C'est là tout le talent de l'auteur qui au fil des romans nous fait découvrir son habilité à faire vivre toutes sortes de personnages tout en restant crédible.
Et dans cette nostalgie on découvre avec des yeux d'enfants les coulisses d'un parc d'attraction, on apprend les ficelles, le contact avec le public, le langage des forains. De la grande roue à la maison hantée.
Maison hantée qui justement nous amène au deuxième sujet de ce roman, car cette attraction a la réputation auprès des forains d'être le repaire d'un vrai fantôme en chaînes et en os. La résolution de ce mystère passera malheureusement en second plan dans l'histoire tellement les indices sont faciles à interpréter et la solution arrive sans trop de rebondissements.
On peut aussi trouver dommage l'apparition du surnaturel dans une histoire qui se voudrait être plus un polar qu'un roman fantastique, en la personne du jeune garçon qui n'est pas sans rappeler Danny Torrance, mais comme le dit si justement Sai King dans ce roman: "En ce qui concerne le passé, on écrit tous de la fiction." alors où est le mal à 'dénaturer' un peu les faits avec quelques éléments fantastiques? Et que serait un roman de Stephen King sans une touche d'inexplicable?
Il est utile de rappeler que c'est le deuxième roman que l'auteur publie dans cette maison d'édition (Hard Case Crime), le premier étant The Colorado Kid. On espère qu'il n'abandonne pas le genre définitivement et que l'on verra un troisième polar voir le jour chez HCC, car comme on dit: jamais deux sans trois! Car si le premier essai était plutôt mitigé, le deuxième a l'air d'avoir des bases beaucoup plus solides alors le troisième sera sans aucun doute la révélation.
Pour conclure, c'est un Stephen King un peu particulier, très émouvant, que je recommande chaudement à tous ses fans, mais aussi à ces gens un peu snobs qui se refusent à lire "cet écrivain d'horreur sanglante". Une histoire idéale pour un jour de pluie ou un voyage en train. Alors si vous voulez acheter de l'amusement, ne cherchez pas plus loin!