Jude est un roman dont je n'avais jamais entendu parler avant de voir l'adaptation avec Kate Winslet. Subjuguée, hantée, limite traumatisée par ce drame amoureux, familial, social, je me suis décidée à lire le roman de Thomas Hardy.
Nous sommes dans une province de l'Angleterre du XIX ème, un petit village du Wessex dans le sud est.
Jude Fowley est un jeune homme droit, qui se sent à l'étroit dans cet univers étriqué. Il cherche à s'échapper par la culture, étudie pour rentrer à l'université et changer de vie.
Tailleur de pierre talentueux, il se laisse détourner de ses projets par l'appel de la chair qui le rapproche d'une femme peu faite pour lui et le force à l'épouser.
Leur vie commune malheureuse s'achève bien vite quand elle s'enfuit pour l'Australie.
Libre, Jude va enfin retourner à ses premières aspirations mais se rend bien compte que l'Education est réservée aux riches et que lui, pauvre ouvrier ne pourra y avoir libre accès.
A Christminster, (copie à peine déguisée d'Oxford) il y fera la connaissance de sa cousine, Sue Bridehead, une femme fascinante, libre, complexe et cultivée.
Là se joue le drame ! Amoureux, encore marié, il cherche à faire le bonheur de Sue en la présentant à son ancien instituteur et mentor.
Sue se marie mais son tempérament ne lui permet pas d'être heureuse dans l'institution du mariage et elle laisse libre court à l'amour qu'elle éprouve pour son cousin en partant avec lui. Elle lui donnera deux enfants qui seront les victimes collatérales du drame qui se joue.
Les diverses péripéties réservées à Jude et sa cousine sont une critique acerbe du mariage. Ils sont rejetés de toutes parts non parce qu'ils sont cousins mais parce qu'ils ne sont pas époux légitimes, unis devant Dieu.
A travers le ratage des deux mariages relatés dans le roman, (celui d'Arabella et Jude d'abord puis celui de Sue et de Richard Phillotson) Thomas Hardy trace un portrait qui lui vaudra les foudres de l'Eglise et la condamnation de son oeuvre. Les croyances religieuses sont également malmenées. Ramenées au rang de drogue de l'esprit par le personnage de Sue, elles sont vues comme répressives et liberticides.
En lisant ce magnifique roman tragique, j'y ai vu le pendant masculin de Tess, jeune femme abusée, qui en paiera toute sa vie le prix à cause d'une société puritaine et intolérante.
La pression sociale qui enserre les protagonistes jusqu'à réduire leurs espoirs à néant est similaire bien que Jude soit encore bien plus noir et pessimiste que ne l'est Tess.
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