Ce dernier roman de Thomas Hardy (1895) a fait scandale par sa critique des conventions sociales: il met en scène un amour interdit car non consacré par les liens du mariage et quasi incestueux. C'est aussi un livre profondément pessimiste, puisque le héros, un jeune ouvrier avide de savoir, échoue tant sur le plan social que dans sa vie sentimentale. La noirceur du roman est accentuée par l'atmosphère gothique qui transporte le lecteur de la campagne du Wessex à Christminster, véritable foyer culturel, ville ornée des cathédrales et des collèges du temps jadis. Obscur, Jude l'est par sa modeste condition dont il ne parviendra jamais à s'extirper malgré ses qualités exceptionnelles; il est aussi "obscur" par son destin tragique, un destin qui va le broyer jusqu'à l'entraîner dans la plus profonde déchéance, la plus absolue des solitudes, celle de l'homme qui a tout perdu.
Avis aux amateurs: ceci n'est pas un roman réjouissant, mais plutôt un chef d'oeuvre d'une lucidité sans concessions.