Que Shakespeare ait été inspiré par la tragédie de César, rien d'étonnant. En revanche, qu'il fasse en réalité le portrait de Brutus est bien plus intéressant : exit le traître infâme, Shakespeare dessine le portrait d'un amoureux de sa patrie, d'un félon vivant mal son geste, d'un fils spirituel cherchant la rédemption. Shakespeare se perd parfois dans des dialogues un peu confus, principalement via Cassius, mais l'ensemble de la pièce contient suffisamment de tragédie que pour faire oublier tout cela, et en se concentrant très majoritairement sur Brutus mais en édifiant aussi Marc Antoine en opposant intelligent et charismatique (la scène où il échauffe la foule est sublime - rien d'étonnant que Marlon Brando ait joué ce rôle dans le film de Mankiewicz), Shakespeare offre un souffle tragico-épique (la bataille finale) comme lui seul savait le créer. Bien des fois j'ai dit que Shakespeare était un génie de la prose et de la construction de personnage ; et ce n'est pas Jules César qui me fera revenir sur mes pas.
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le 23 déc. 2012

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