Avec Just Kids, Patti Smith signe son autobiographie de jeunesse New Yorkaise, celle où son approche artistique originale s'est petit à petit construite, au hasard des rencontres, des projets, des voyages, des échecs... Tous ces souvenirs gravitent autour de sa relation avec le photographe en devenir Robert Mapplethorpe qui fut tour-à-tour son sauveur, son amant, son coloc, son ami, celui en qui elle croyait plus que tout comme lui croyait en son talent qu'elle se refusait à admettre.
Quasiment strictement chronologique, ce récit où de multiples références & noms plus ou moins glorieux surgissent à chaque page tournée est d'une pudeur quasi indécente. Patti Smith égrène ses souvenirs de vie (et souvent de survie) sans chercher un fil directeur autre que sa passion pour Robert. Qu'il devienne un artiste, à tout prix, voilà qu'elle était son cap alors, elle qui ne se rêvait que d'être sa muse, son soutien matériel, sa bonniche consentante pourvu qu'il puisse se consacrer pleinement à développer son génie. Le sien aura finalement éclos avant, sur scène presque par mégarde, elle qui se consacrait au dessin par ambition, à la poésie par passion, réservé à son cercle très privé, toujours ce Robert...
La plume de Patti Smith a ceci de très surprenant qu'elle allie la sagesse de son âge d'écrivain avec la fougue de sa jeunesse de l'époque. tout en dépeignant cette New York en pleine ébullition créatrice, où les camés côtoyaient les stars du rock, où la cour d'Andy Warhol faisait et défaisait les icônes de demain... On pardonne vite le côté décousu du récit, qu'on lit plus comme on parcourt un album de photos débordant de moments tendres, terribles, glorieux, infamants.
Une écriture passionnée pour une lecture passionnante.