Avec le temps, je m'étais un peu lassé de Stephen King, même si je dois dire que ma lassitude était née surtout d'un seul très mauvais livre, "Cell", qui, à partir d'une belle idée, dégénérait gravement en scènes gore gratuites et mal maîtrisées. Et quelle meilleure manière de retrouver - après quelques années "d'abstinence" - le talent d'écriture de l'ex-maître du thriller horrifique qu'un nouveau recueil de nouvelles, c'est-à-dire, honnêtement, le type d'ouvrage où seuls les plus grands excellent ? Fulgurance des idées, concision de leur traitement, et importance capitale du style lorsqu'il s'agit de construire un univers et des personnages crédibles en quelques pages, il faut être très fort pour dominer le "genre". Passant ici sans répit du rire aux larmes, de la frayeur au trouble, le lecteur de ces 13 nouvelles quasi parfaites se retrouve remerciant le hasard de l'avoir fait croiser à nouveau le chemin d'un King visiblement plus mature, presque sage (même s'il termine le recueil par une sorte de farce horrifique purement scatologique !) : l'enchaînement foudroyant de "The Things They Left Behind", élégie bouleversante sur le deuil post-9/11, avec "Graduation Afternoon", la fin du monde comme si vous y étiez, par le petit bout de la lorgnette, soit deux des plus BEAUX textes que King ait jamais pondus, à mon avis, justifie à lui seul l'achat de ce livre. [Critique écrite en 2009]