"Kabukicho" est le nom d'un quartier chaud de Tokyo où la prostitution et les pratiques sexuelles tarifées sont la norme. Outre le sexe, s'y monnaie aussi la chaleur humaine et la considération. De quoi aider à supporter les sushis du quotidien...
... D'autant qu'on y meurt de façon tragique...
C'est un voyage étonnant que nous propose Dominique Sylvain, un voyage au pays du soleil levant où chaque acte, chaque pensée, chaque mot est pesé par ses autochtones. Le pays des mille contrastes. Entre pudeur ancestrale et exhibitionnisme de l'âme.
La société japonaise est merveilleusement analysée par l'auteure, c'est peu dire qu'on s'y croit d'autant que contrairement à certains polars globe-trotters, les personnages principaux ne sont pas tous blancs et caucasiens. Au contraire, ceux auxquels on s'attache le plus sont ceux du crus. La justesse des attitudes ne trahit jamais l'appartenance de la matière à une écrivaine française.
C'est sidérant ! Dominique Sylvain a vraiment su capturer l'essence de la société nippone, ses codes et ses coutumes. Et on sent que c'est surtout cela qui la fascine. Elle ne construit pas son polar de manière académique et le crime commis au début du livre n'est qu'un prétexte à une immersion aux confins de la folie et des tourments humains.
D'ailleurs, l'auteure désamorce les codes de l'enquête classique en nous laissant deviner rapidement les contours de l'intrigue et l'identité du coupable par les indices abandonnés volontairement.
Ce qui l'intéresse, c'est cette plongée en terre des âmes perdues au sein du "Kabukicho".
Ce qui séduit le lecteur, c'est le destin de ces êtres brisés, le saignement continu de leur existence qui s'écoule au fil des pages jusqu'à en laisser certains exsangues... errant comme des ombres fantomatiques sur l'intrigue, leurs plaies jamais pansées.
L'histoire se déroule telle une corolle qui s'épanouit, une fleur aux couleurs sanguines venant mêler Eros et Thanatos. Mais les deux ne sont-ils pas toujours inextricablement mêlés ? 3,5/5
https://cestcontagieux.com/2016/10/13/kabukicho-de-dominique-sylvain-la-chronique-kabu-kacho/