Un coup de foudre. Un coup de foudre sans cesse renouvelé en plus de 600 pages, ce qui est assez incroyable.
D'abord, j'admire l'immense travail de traduction de Corinne Atlan, indubitablement réussie.
Ensuite, c'est un roman magnifique, plein de poésie, et dont la poésie est mise en avant plus qu'abimée par les passages "glauques", sombres et retors. Dérangeants, surtout.
Ce que j'admire en particulier, c'est que la réalité n'a pas d'importance ("la vie est faite de métaphores", après tout).
Qu'importe que Mlle Saeki soit la mère de Kafka ou non. On sait même que Sakura n'est pas sa sœur, ce qui compte, c'est l'idée que l'adolescent s'en fait.
Le surnaturel se fond dans le réalisme sans que cela pose le moindre problème. Et pourtant, à côté de ce livre, rien n'a l'air aussi réel. Tous les problèmes de la vie quotidienne semblent insignifiant, on a l'impression que si on n'a jamais pris conscience des milliards d'étoiles qui nous observent, et qu'on ne peut distinguer, de la vie de la forêt, du poids des souvenirs, on est passé à côté de l'essentiel. (Ca a l'air New-Age, dit comme ça, mais pas du tout !)
C'est un livre qui nous apprend à savourer la réalité, à vivre, en somme.
Je sais que je n'étais pas la même personne en ouvrant ce livre que je le suis en le fermant. Peut-on demander plus d'un livre ?
J'ai rencontré les personnages, ils sont devenus des amis (surtout le personnage d'Oshima, mon petit chouchou), ils m'ont appris des choses sur le monde, sur moi-même, l'atmosphère a résonné en moi, j'ai métabolisé ce livre, il m'a façonné.
Je lis beaucoup, et de tout. Je n'aurais jamais pensé qu'un roman comme celui-ci fasse partie de mes lectures les plus marquantes.