Machine à tourner les pages
Grangé est vraiment une machine à succès. A peine terminé, j'ai encore cette impression d'avoir dévoré le bouquin. La seule chose qui m'a finalement empêché de le lire plus vite, c'est le sable que le marchand du même nom me jetais sur la tronche par brouette entières et qui a fini par avoir raison de ma curiosité nocturne.
Car l'écriture est (comme toujours avec cet auteur) très fluide. Le scénario, même si ce n'est pas un des plus réussi, possède un charme certain, avec des twists bien sentis et une ambiance très sombre, comme à l'accoutumée.
Par rapport Aux rivières pourpres, à la forêt des mânes ou au vol des Cigognes, l'ambiance est beaucoup moins morbide, même si le sujet de fond reste sombre. La chasse au serial killer revêt une bonne moitié du livre, puis bifurque sur une voie inattendue, en rapport avec Naoko, la femme d'Olivier Passan.
Olivier, en bon flic passionné, s'investit dans son métier pour oublier un quotidien trop pénible, mais se frotte au pire de la société.
Dans sa névrose, il poursuit celui qu'il soupçonne d'être un tueur particulièrement immonde, kidnappant et tuant des femmes enceinte dans la banlieue le département du "9-3".
Son comportement mono maniaque lui vaut d'être mis au banc de son propre métier, de ses pairs. Ne luis reste alors que ses convictions et son intuitions de flic pour terminer l'enquête.
Mais là où le bouquin est génial, c'est qu'au lieu de raconter le quotidien sordide d'un flic de Paris et de son mariage qui bat de l'aile, l'histoire décrit des personnages complexes, et surtout prend racine dans l'oubli de Passan pour sa famille.
Car une histoire parallèle se construit au fur et à mesure que l'enquête de Passan s'enlise.
De la meilleure amie, au couple lui-même, des collègues d'Olivier au passé de plus en plus glauque de Naoko, on découvre des personnages malades, déviants, dérangés.
Tous sont passionnés par un versant de la culture Japonaise, pas forcément le même pour chacun.
Naoko, élevée à la dure, avec un Père autoritaire, des cours de Sabre de l'école Musashi et une amie d'enfance sombre, exclusive et muette, va se faire rattraper par un passé qu'elle voulait rejetter et des choix discuttables.
Olivier et son amie, délaissée et mourrante, va se faire dépasser dans tous les sens du terme.
Tout se petit monde tient dans une histoire très bien construite, sombre et malsaine. On dévore le livre sans retenue, ce qui peut surprendre quand on voit le degré de sadisme de certains personnages. Mais il n'y a jamais de scènes gratuites, pas de descriptions immondes. Jamais, comme dans tous les Grangé. Juste une excellente histoire, au suspens halletant, du début à la fin.