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Ce sont toujours les adultes. Ce sont eux qui dirigent le monde, qui donnent les ordres, qui gagnent de l'argent, qui possèdent une maison, une voiture, qui ont un travail, qui ont des enfants. Ce sont même eux qui écrivent les livres pour enfants.


Ainsi ceux-là portent-ils toujours l'ombre des adultes, leur sérieux, leur poids invisible. Même quand ils se veulent drôles, ludiques, légers, il leur faut toujours un sous-texte, il leur faut toujours une morale. L'enfant du livre doit apprendre quelque chose à fin de grandir, comme s'il était incomplet, ou seulement un adulte en puissance, n'existant que pour devenir adulte.


Ce n'est pas le cas de Karlsson sur le toit. Karlsson est un adulte (il est ainsi débarrassé du fardeau d'avoir à le devenir) qui vit comme un enfant. Karlsson vit dans le présent, l'excès, l'insouciance. Il ne prend rien au sérieux. Et si Karlsson est aussi gourmand, susceptible et parfois mégalo, on ne peut lui en vouloir : il est comme le dieu, le génie auquel on veut toujours plaire, auquel on passe tout.


Car il est l'opposé des parents, aimants mais si sociables, oppressants dans leur désir de bien faire, dans leur souci permanent de perfection. Karlsson lui ne s'occupe que de lui-même; il vole au-dessus des autres, au sens propre comme au figuré.


Son potentiel subversif est bien supérieur à tous les héros modernes, frustrés ou moralisateurs. Karlsson rit, fait des bêtises, se moque de "ce qui est matériel", et suscite malgré lui l'admiration des enfants, qui sentent bien qu'il y a là une vérité profonde. Ils ne le suivront pas, toutefois, et garderont leur candeur première. Les parents, eux, préfèrent rester dans le couloir en prétendant n'avoir rien vu. On ne peut imiter Karlsson quand on vit sous le toit.


"Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien."
R. M. Rilke

Orazy
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le 24 sept. 2019

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