Karoo par ArbitreDuMepris
Livre étrange.
Il fait partie de ces livres étranges, pas spécialement bien écrits (traduits ?), qui empilent les maladresses dans son premier tiers - du moins, croit-on dans un premier temps - , empoignant l'ironie comme on empoigne autre chose, sans jamais réussir à rien en faire sortir.
La panne. La vulgarité, l'excès, la superficialité mille fois revue. Trop, c'est trop.
Centré autour d'un personnage (Saul Karoo, script doctor pathétique et menteur) qui s'échine à essayer de nous faire marrer sans jamais y parvenir.
Que faire alors ? Lâcher ? C'est ce que j'ai failli faire, mais la qualité du papier made by M. Toussaint L'Ouverture, ces textures enchanteresses sous mes doigts moites, m'ont fait perséverer.
Heureusement serais-je tenté de dire. Car une fois l'intrigue réellement démarrée, et ce moment intervient lors de la rencontre de la jeune femme, mère biologique de l'enfant du narrateur, Karoo se transforme en authetntique tsunami.
Un véritable raz-de-marée d'une mer noire chargée du visage mélancolique de Tesich (c'est l'auteur) avec un panneau en carton qui vocifère un "NO HOPE" griffonné au feutre indélébile. Et qui semble être le seul vestige du passage de la catastrophe, la dernière phrase du roman lue.
Karoo devient alors un uppercut dont il est compliqué de se remettre, éclairé de passages d'une tristesse subtile et tapie dans l'ombre, qui vous emmêlent les tripes.
Karoo finit par transformer notre mépris en pitié. Pauvre Saul.
Mais Saul réside en chacun de nous, au moins un peu.
Pauvre de nous.
Secoué.
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