Désuet, profond, maladroit et suintant une solitude insoutenable
Ce livre a failli me tuer. Je me suis littéralement abîmé dans sa lecture. C'est avec un courage que je ne me connaissais pas et qu'il m'a fallu mobiliser de toutes mes forces que j'ai fini par tourner les dernières pages. Ce livre a failli me tuer donc - mais passons sur le mélo, moi, ma vie, mon oeuvre - et je ne me l'explique que très mal.
Construit en deux parties :
une première, complètement irréelle qui est un récit de voyage complètement timbré sous couvert de la normalité la plus parfaite, se rapproche d'un Tristes Tropiques fantaisiste. Avec la description par le menu des us et coutumes d'un peuple de jardiniers qui : cultive des statues, vit en vases clos. Oui, oui.
une seconde, qui relève du roman d'aventure et qui semble n'avoir que peu d'intérêt au premier abord, la faute entre autres à une histoire d'amour très niaise (dont je pensais Hemingway seul capable) ; et pourtant, c'est à partir de ce moment-là que l'insidieuse solitude malsaine a commencé à peser sur le pauvre lecteur naïf que j'étais (et à mon insu).
Me reste à souligner que la langue est désuète et respecte toutes les règles de conjugaison que j'ai abandonné d'appliquer depuis longtemps (subjonctif imparfait en tête) et recèle un vocabulaire sorti tout droit d'un précis de mécanique des machines rurales du XVIIIème siècle, avec ce soin toujours d'employer le mot le plus juste (ou la tournure la plus précieuse, c'est selon). Un peu dérouté par les festons d'un style hors du temps au début, j'ai fini par m'y faire.
C'est un livre étouffant (gare aux claustrophobes), et d'autant plus étouffant qu'hormis le style et cette bluette ridicule du héros avec l'autochtone : zéro ostentation.
Bref, une expérience un peu douloureuse dans mon cas, mais hautement recommandable.
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