« On n'est jamais assez attentif. »
Volume inaugural du Cycle des Contrées, roman au parcours chaotique de phoenix renaissant plusieurs fois de ses cendres, "Les Jardins statuaires" est un livre à savourer lentement, à relire, pour le plaisir du texte, des symboles et des métaphores. « Les signes pullulent. Il faut que le regard s'abime. »
Le narrateur est un voyageur, un étranger au pays des jardins statuaires.
C'est l'austérité, le repli, et une forme de dénuement qui se dégagent de ce pays dès l'entame du livre. On imagine un pays presque sans couleurs, à l'instar des dessins de Schuiten, les couleurs de pierre des murailles des domaines, des statues, le bois des rares chariots qui circulent sur les routes austères, les frondaisons et les toits des demeures sombres ou noirs.
On rencontrera la couleur en découvrant où et comment vivent les femmes au pays des jardins statuaires, avec les arbres fruitiers du jardin des femmes, les voiles colorés qu'elles portent, les fresques, les broderies, les rosiers grimpants.
Le voyageur va explorer le pays des jardins statuaires jusqu'à ses confins et même au-delà, dans les steppes et à la périphérie du pays, au gouffre, dans un voyage onirique.
«Un matin, enfin, je me mis en route vers l'ultime domaine. Il pleuvait depuis trois jours. C'était un matin de brume. La marche était épuisante car je risquais à tout instant de perdre ma route, à peine marquée sur cette terre have. Je devais, pour garder ma direction, me fier à des rocs érodés et nus, qui surgissaient soudain devant moi comme autant de sentinelles oubliées, austères dans leur mutisme.»
Le voyageur, le guide, l'hôtelier, les doyens, la cavalière, le conquérant, la fillette, le gardien, les personnages sans nom, à l'exception de Vanina, la femme aimée, ajoutent à l'étrangeté de ce récit envoûtant, qui se déroule dans un ailleurs, hors du temps.