Passons le sempiternel résumé repère, cher au lectorat justement en manque de repères. Entrons d'emblée dans le vif du sujet.

Killing Kate Knight n'est pas un énième thriller formaté mettant en scène le tueur psycho schizo et sa victime. Il n'apparaît pas davantage comme l'œuvre d'un fan énamouré pour l'objet – la femme objet – de son adulation déraisonnable.
Killing Kate Knight aka Killing Keira Knightley est un roman qu'aurait pu écrire Philip K. Dick ou K. W. Jeter. L'influence des deux auteurs saute aux yeux, du moins aux miens (de toute façon : You are what you read, you are what you watch). On trouve à la fois dans KKK – je mets des acronymes, si je veux – la mise en abyme de la réalité de l'un, la violence sans détour de l'autre. Rien d'étonnant lorsque l'on connaît le goût d'Arkady K pour les thématiques abordées par ces deux écrivains.

L'intrigue de KKK brouille les pistes à dessein. Elle alterne différentes formes de narration dont certaines sont empruntées au cinéma, on y reviendra. À plusieurs reprises, on perd pied dans les méandres d'un récit oscillant entre rêve et réalité, en fait deux trames entremêlées. Et pourtant, l'ensemble retombe sur ses pieds, sans twist final vasouillard à la Inversion, se payant même le culot de faire sens.
Le cinéma, côté mauvais genre, fournit le carburant du récit. Il est son argument de départ, son pourvoyeur en effets spéciaux, en morceaux de bravoure et en stéréotypes. En effet, lorsque Lara Delilah K part au casse-pipe, difficile de résister à une impression de déjà-vu. Celle de ces multiples films d'action, thrillers haletants et autres blockbusters produits à la chaîne par les studios hollywoodiens. Toutefois, on serait bien en mal de dire de quels films s'inspire Arkady K. D'ailleurs, sans doute ne s'inspire-t-il d'aucun, à l'exception de Domino, film du clipeur Tony Scott avec Keira Knightley, comme par hasard dans le rôle titre.

Bref, KKK n'est pas un film sur le cinéma, mais plutôt sur l'engouement qu'il provoque. Le cinéma et sa version pour petit écran se révèlent en effet comme une part importante de notre existence. Ses schémas, ses scénarios, ses archétypes impactent nos existences pour le meilleur comme pour le pire. Ils contaminent les relations sociales, la communication et les discours politiques. D'une certaine façon, KKK invite à s'en libérer.

Alors, plus d'un an après sa parution, jetez un œil sur KKK et n'oubliez-pas : La réalité n'est rien que des histoires. Une multitude d'histoires grouillant sur la dépouille de faux dieux.
leleul
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le 28 juin 2012

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