Kipling, je ne le connais que parce que ses livres sont présents en bon nombre d'exemplaires dans tous les magasins de seconde main que je cotoie. Après avoir lu un auteur le citer avec beaucoup d'éloges, je me suis en tête d'attaquer un de ses romans. D'après ce que j'ai pu lire dans la préface, l'auteur n'a écrit qu'un seul roman, le reste n'étant que poèmes et nouvelles. Mais ce roman, il a mis de nombreuses années à l'écrire, le remaniant sans cesse. A la base, le côté espionnage prenait bien plus de place, alors qu'ici c'est presqu'anecdotique et sert plus de prétexte à nous présenter l'Inde qu'à nous emporter dans des aventures rocambolesques.
La plume de Kipling m'a bien plu. C'est d'ailleurs ça qui m'a fait tenir jusqu'au bout du livre qui ne raconte pas grand chose en terme d'action. Kipling écrit bien ; même lorsqu'il étire une situation sur plusieurs pages, on ne tombe jaamis dans la description sans fin et les dialogues ne tournent pa svraiment en rond puisqu'ils permettent de vraiment comprendre la pensée de chaque personnnage. L'ellipse est l'outil le plus remarquable dans cet écrit. Sans prévenir, l'auteur peut laisser passer des minutes, des jours, des mois... Ce stratagème surprend, désempare, perturbe le lecteur habitué à la linéarité d'un texte. Cela rend la lecture plus ardue, c'est un fait, mais le résultat fonctionne à merveille.
Kipling aime ses personnages. En même temps, ila pris tellement de temps pour raconter son histoire, il a passé tellement de temps à imaginer cette histoire en leur compagnie, qu'il ne pouvait que les aimer. Et Kipling les connaît par coeur. C'est donc assez étrange car on est rarement entré autant dans l'intimité de personnages d'un roman. Il y a un petit côté voyeuriste au final, dont le regard pénètre au plus profond de l'âme des personnages. De ce fait, ils n'en paraissent que plus vivants.
Kipling aime surtout l'Inde, même s'il n'y retournera plus lors des dernières réécritures. Son roman ne contient que très peu d'intrigue et sert surtout à nous présenter un pays riche d'une culture hétérogène. Ce qui est appréciable c'est que l'auteur ne tombe pas dans le travers du guide touristique. Il nous parle des choses en connaissance de choses, mais ne cherche pas à nous en souligner l'importance. Parfois il faut d'ailleurs chercher dans les notes ce que signifie tel ou tel terme car l'auteur ne s'encombrera pas d'une explication en plein milieu d'un dialogue philosophique.
Bref, "Kim" fut une belle expérience. Lecture difficile par moment, mais toujours plaisante au final, on prend plaisir à suivre les conversations entre Kim et son maître du début à la fin, ainsi que leurs rencontres avec toute sorte de gens.