L'histoire est bien ficelée à l'origine. Klara, une jeune AA, attend qu'un, ou plutôt une, ado vienne la chercher. Entre animal de compagnie et jeune fille au pair dont on ne sait que faire, le statut de Klara évolue au fil des pages. Arrivée dans sa famille, Klara voit ce monde humain qui se déroule sous ses yeux et dont elle peine à comprendre tous les tenants et aboutissants.
Josie, l'adolescente qui l'a achetée, nous apparaît plongée dans un monde aisé avec ses rituels et son savoir-être.
Jusque-là, l'intrigue est captivante.
On se "sent" dans cette AA par ces phrases curieuses qui racontent la découverte d'un monde. Par Klara, le lecteur est initié peu à peu aux mystères de cette famille et de ce monde qui semble, si peu, loin du notre.
La relation mère-fille est un des atouts du livre. La présence de Klara dévoile les ressorts de cette relation ambiguë. La maladie, le décès de la soeur aînée font de cette relation un lin unique et complexe. Les enjeux du récit deviennent alors clairs : jusqu'à quel point sommes-nous remplaçables ? Les sentiments, les émotions sont-ils suffisamment uniques pour faire de nous des personnes à part, irremplaçables et uniques ? Le questionnement est fort et semble aller plus loin que bon nombre de récit sur le sujet.
Pour autant, le déroulé de l'histoire - pourtant si bien ficelée au départ - nous laisse sur notre faim. Le questionnement philosophique se mêle difficilement aux avancements de l'intrigue. Ce qui se présentait comme une réflexion profonde se transforme en de bons sentiments d'une série Netflix. Le style, qui, auparavant s'appuyait sur la candeur de Klara, plonge le personnage principal dans une mièvrerie. La question de l'unicité de l'être dérive vers la question du sacrifice d'un non-humain vers un humain. Cette soupe de bon sentiments finit par nous perdre et le récit en paie, malheureusement, les frais.