Klara ? Un androïde à énergie solaire, une d'Amie Artificielle (AA), sorte de robot de compagnie très perfectionné même si les modèles B3 sont "améliorés" dans certains domaines. Klara, elle, fait preuve des meilleures qualités d'observation, d’analyse et de compréhension. Ainsi apparait Klara dans l’univers du huitième roman de l'écrivain britannique Kazuo Ishiguro, « Klara et le Soleil ».


Kazuo Ishiguro est né au Japon, à Nagasaki, en 1954. En 1960, toute la famille part s'installer au Royaume-Uni et emménage à Guildford, dans le Surrey, afin que son père, océanographe, puisse travailler en tant que chercheur au National Institute of Oceanography, à Southampton. Il suit ses études de littérature et de philosophie dans les universités du Kent et d'East Anglia. Puis il se consacre à l'écriture à partir de 1982 et reste de manière définitive en Grande-Bretagne, aux côtés de sa femme, Lorna MacDougall, qu'il a épousée en 1986, et de leur fille Naomi, née en 1992. Kazuo Ishiguro écrit tous ses livres en langue anglaise, bien qu’il ait été élevé par ses parents japonais, dans un foyer où l’on parlait cette langue. Le 5 octobre 2017, il reçoit le Prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre.
Ses principales œuvres sont :
Un artiste du monde flottant (1986)
Les Vestiges du jour (1989)
Auprès de moi toujours (2005)


Ado, dans les années 1950, j’adorais le genre hautement littéraire que l’on nommait à cette époque lointaine « Anticipation » où des auteurs comme Isaac Asimov, A. E. van Vogt, Arthur C. Clarke et autre Jimmy Guieu, faisaient les beaux jours et transportaient les gamins avides d’évasions à des années lumières du train-train quotidien. J’en ai fait des voyages à des vitesses supraluminiques, ricochant d’une galaxie à l’autre, avant que la vie ne me rattrape et que je me retrouve tout naturellement chez Ariane-Espace pour une trentaine d’années !...
Et donc, voilà que soixante ans plus tard, un Prix Nobel de Littérature se lance dans l’aventure, sous le prétexte ambigu de mettre en relation un robot androïde avide de famille humaine et des humains confrontés à une intelligence artificielle. Comment les uns et les autres vont-ils se comporter ?
Je venais de lire « Faire la morale aux robots » de Martin Gibert (ou "Une introduction à l’éthique des algorithmes") où de nombreux problèmes sont soulevés (https://www.senscritique.com/livre/Faire_la_morale_aux_robots/42524775) et une illustration dans une fiction me semblait intéressante.


Klara et le Soleil (Klara and the Sun) est un roman d'anticipation dystopique mettant en scène Klara, la narratrice, un robot androïde fonctionnant grâce à l’énergie solaire (détail important). L’action se passe aux États-Unis, probablement dans l’État du Wisconsin, dans un futur incertain mais relativement proche.
L’action débute dans une ville (Milwaukee ?), dans un magasin d’Amis Artificiels où sont exposés des robots semblables à Klara. Il importe d’être placé aux meilleures places, comme en vitrine, pour bénéficier des rayons du soleil, pour faire le plein d’énergie, et pour attirer la clientèle. Le soleil est considéré comme une divinité généreuse qui déverse son nutriment. Gérante, la responsable du magasin, déplace régulièrement les robots pour donner à chacun sa chance d’être remarqué, mais la concurrence est rude et les robots craignent d’être relégués dans l’arrière-boutique.
Enfin, une jeune fille, Josie, 12 ans et demi, persuade sa mère d'acheter Klara.
La suite se déroule principalement à leur domicile, vaste maison contemporaine à la campagne. L'état de santé de Josie est très instable, elle est obligée de suivre des cours à distance. Le voisin, Rick, 15 ans, est le seul autre enfant du voisinage et ami de Josie.


Brave petite Klara, pauvre petite Klara, androïde TRÈS perfectionnée, très incomplète et pleine de défauts, fragile, vulnérable, à la vision limitée, à l’équilibre instable, imprévisible et insécure, mais à l’intelligence remarquable, capable de curiosité, d’observation, de compréhension, d’enregistrement, d’apprentissage, d’imitation, de disponibilité, d’attention, de sollicitude, d’empathie, de discrétion, d’indulgence, d’anxiété et de tant de naïveté… Agent virtuel capable d'établir des relations bénéfiques avec "son" humain, Josie, et capable d’abnégation :
« Peut-être que la mère a pensé que si elle restait tout le temps avec sa fille, Josie se sentirait moins seule, dis-je enfin. – Qui prétend que je me sens seule ? – Si c’était la vérité, si Josie se sentais vraiment moins seule avec sa mère, je m’en irais volontiers. »
Brave petit soldat, elle respecte les trois lois de la robotique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Trois_lois_de_la_robotique) et, pour sauver Josie qui souffre d'une maladie incapacitante non précisée, incapable de suivre une vie et une scolarité normales, elle n’hésitera pas à intercéder auprès d'un être supérieur (le Soleil) et à sacrifier la moitié d'un de ses "fluides précieux" au risque de voir diminuer ses propres capacités. Son sacrifice sera-t-il utile ?
Nombreux sont ceux qui veulent aider Josie et cherchent, tel M. Capaldi, l’artiste qui fait son portrait, mais il n’avait pas l’intelligence de Klara : « M. Capaldi pensait qu’il n’y avait rien chez Josie qu’on puisse continuer. Il a dit à la mère qu’il avait cherché et cherché sans rien trouver de particulier. Mais je suis convaincue maintenant qu’il cherchait au mauvais endroit. Il y avait bien quelque chose de très spécial, mais pas chez Josie. C’était dans le cœur de ceux qui l’aimaient. C'est pourquoi je pense maintenant que M. Capaldi se trompait et que je n'aurais pas réussi. »


Le début de lecture est assez déroutant, petit à petit on prend possession de l’"esprit" de Klara, la narratrice, les « je » répétés finissent par nous identifier à l’androïde (qui, au début, n’est pas jeune mais neuve). On EST Klara, avec toute sa sensibilité, ses maladresses, ses croyances, ses espoirs…
Je vous laisse découvrir le dernier chapitre, terriblement troublant, terriblement émouvant qui est allé chercher au fin fond de ma vieille mémoire les vers du Poète :
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme,
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?
»

Philou33
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le 1 oct. 2021

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Philou33

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