Je n'avais jamais lu Olivier Adam parce que les quelques émissions dans lesquelles j'avais entendu parler de ses livres m'avaient fait craindre qu'il ne soit qu'un Marc Lévi au stylo mièvre. Ce n'est pas totalement vrai.
Son style est rempli de clichés, d'affectation de poète à la répétition facile - le verbe "frayer" utilisé à n'importe quel escient et au moins six fois en cinquante pages - et de tics d'écrivains post-beatnik. Le narrateur à la première personne est forcément un écrivain qui n'écrit plus et qui noie son désastre dans l'alcool, etc. Sa fille est morte, sa femme et lui se sont séparés, il apprécie la "texture de l'air" de Kyoto, inimitable, évidemment.
Dès le premier chapitre, on comprend que l'histoire n'aura aucun intérêt, car cousue de fil blanc. Il arrive à Tokyo, rencontre une femme, qui (on l'apprend délicatement plus tard) elle aussi a perdu un enfant... et qui l'accompagne partout à Kyoto, parce que l'auteur a bien comprend que pour rendre nostalgique un personnage, rien ne vaut la bonne vieille ficelle qui consiste à le montrer repoussant volontairement les inconnus qui lui veulent du bien.
Certains trouveront certainement que tout cela est dit très subtilement, qu'il y a un art du non-dit dans le livre qui s'accorde parfaitement à "l'ambiance japonaise". Mais ce dont vous parlez n'est qu'un cliché sur le zen, ce n'est pas ce qu'est vraiment le Japon. Et quant à cette délicatesse dans l’ellipse... pour moi c'est surtout un manque de réflexion ou d'ambition sur ce que les personnages ont à dire. Encore une fois, le narrateur est obsédé par ses sentiments et les paysages autour de lui sur lesquels il projette sans scrupule tout ce qu'il ressent (et c'est toujours la même chose). Il n'y a d'ailleurs aucune évolution dans le personnage principal, qui n'a de roman que le nom.
Seuls deux éléments méritent d'être sauvés dans le livre : les photos et la partie plus axée sur le carnet de notes de voyage. Les photographies sont vraiment belles et pour la plupart réussissent à montrer de nombreux aspects de Kyoto peu connus. La partie des notes sur le vif sont elles aussi intéressantes et nettement moins indigentes que l'histoire péniblement inventée par l'écrivain pour justifier sa bourse... Ces "choses du monde spirituel" ou "du monde aquatique" sont bien observées et pourraient servir de matériau brut à la construction de poèmes et de haïkus à volonté...
Un livre qui par son histoire ressemble à du Delphine de Vigan (et ce n'est vraiment pas un compliment) et par ses photos et ses notes prises sur le vif peut être une belle introduction à un voyage au Japon.