Effroi en voyant certaines critiques qualifiant l'Adieu aux armes de chiant, méprisant sa langue triviale, l'abondance de détails jugés inintéressants.
Bordel, personne ne parle de l'humour de dingue à presque toutes les pages, du comique de situation juste relevé par le narrateur, juste esquissé, mais esquissé quand même, en dépit d'un contexte où la mort rode en permanence.
Les détails "trop abondants", ils ne sont pas là pour rien, surtout ceux qui semblent triviaux, surtout les plus petits.
Les détails c'est l'émotion brute, justement parce que le Tenente Henry ne s'épanche pas.
Le repas qui est décrit avant l'explosion qui blesse le narrateur, c'est l'émotion : c'est essayer de retenir la vie avant le déchirement des corps.
Le repas, le mauvais vin, les blagues douteuses, c'est la vie avant qu'elle ne soit balayée.
L'Adieu aux armes est un livre magnifique qui s'accroche à la vie, en cherchant partout à repousser la mort, avec l'anodin, avec le laid, avec tout ce qui tombe sous le regard du narrateur.
Moi j'ai ri, et j'ai aussi souvent eu la gorge serrée par cette écriture qui dit tout, avec sobriété et pudeur, et surtout sans mélo.