Ma lecture s'est portée sur L'Adversaire, un récit de l'écrivain français Emmanuel Carrère, publié en 2000.
L’histoire nous plonge dans l’événement survenu le 9 janvier 1993 dans la commune française de Prévessin-Moëns : Jean-Claude Romand, un père aimé par tout son village, tue lors d'une même soirée sa femme, ses deux enfants âgés de moins de 10 ans ainsi que ses parents, puis tente en vain de se suicider
Dans ce récit, Emmanuel Carrère nous retrace sans prendre parti, la vie de Jean-Claude Romand. À l'aide de ce dernier, qui se verra nommé "Le Monstre", "Le diable" (l'adversaire de Dieu) par l'opinion publique, afin de mieux comprendre comment il a pu en arriver à ce stade.
Grâce au travail de la police, et de Carrère, nous découvrons avec stupeur que toute sa vie sur une durée de plus de 17 ans ne s’est basée que sur des mensonges : faux diplômes de médecin, fausse carrière (médecin au sein de OMS), liaison, arnaques financières au sein de sa propre famille, cancer.
Comment un homme aussi aimé par son entourage, son village a pu commettre des telles atrocités ? Dans quel intérêt ? D’où lui est venue cette folie soudaine ?
Celles-ci sont l’une des multiples questions qui hanteront votre tête tout au long de la lecture, et au-delà. Malheureusement, ce sont des questions auxquelles seul «L’Adversaire» a la réponse, et qu’il risque avec de fortes chances d’emporter avec lui dans sa tombe.
Emmanuel Carrère réussit haut la main, en mettant tout le long de l’écriture du récit ses sentiments personnels de côté en allant à la rencontre JC. Romand en prison, dans le but de nous offrir un œuvre terrible et troublante, voire "fascinante".
Ce livre soulève un problème sur la facilité que l'on rencontre aujourd'hui, de pouvoir très aisément se créer une identité qui nous convienne en modifiant quelques documents.
Jean-Claude Romand a su vivre pendant plus de 18 ans sous ce mensonge, sans qu'aucun de ses proches n'ait des soupçons