Berlin, la foule se presse dans une cour de la rue Griebenow pour assister au spectacle de Hans, le cheval. Tapant le sabot sur le sol, l’animal répond aux questions de son maître. Sans jamais se tromper, Hans le malin répond à des questions de calcul, de lecture ou d’harmonie musicale. Son propriétaire, Wilhelm von Osten, ancien enseignant, l’a éduqué comme il l’aurait fait avec ses élèves. Parmi les spectateurs, on rencontre Théo, un jeune homme qui travaille à l’université aux côtés du scientifique, Oskar Pfungst.
Mais il y a surtout Charlotte, une jeune fille qui rêve de faire les études que la mort de son père a interrompues faute de moyens. Curieuse par nature, la jeune fille mène son enquête, bientôt admise, disons plutôt tolérée, dans le cercle de scientifiques venus étudier le célèbre cheval. Car si Oskar Pfungst l’accepte et reconnaît son intelligence, ce n’est pas le cas des autres messieurs qui pensent que la science et les femmes n’ont rien en commun et doivent être tenus à distance. Nous sommes en 1904 et si l’on peut avoir des doutes sur l’intelligence d’un cheval, pour de nombreux hommes, il n’y en a aucun sur son absence chez la femme.
Heureusement, Charlotte est bien entourée. Et grâce à une cliente régulière de l’épicerie familiale, un nouveau monde va s’ouvrir à elle, un monde qui donne l’accès à la culture à tous, gratuitement : la bibliothèque. Bona Peiser a en effet était la première bibliothécaire allemande et a contribué à la professionnalisation des jeunes filles dans ce métier.
Dans L’affaire du cheval qui savait compter, Natacha Henry aborde différentes thématiques en s’inspirant de faits réels qui s’inscrivent dans une époque en plein changement. Si la science, et notamment l’intelligence animale, est au cœur de récit, l’auteure n’en profite pas moins pour intégrer une thématique que l’on retrouve dans l’ensemble de ses titres jeunesses : la place des femmes dans la société. Le lien ténu entre les deux domaines se fait naturellement au travers de Charlotte qui s’intéresse à la psychologie animale et cherche à améliorer son existence en exerçant un métier qu’elle aurait choisi et qui la placerait au cœur d’un monde plus riche culturellement. L’amour du livre prend également une place importante tant pour sa valeur éducative que pour les liens sociaux et culturels qu’ils tissent.
L’affaire du cheval qui savait compter est un roman captivant et accessible qui se lit très rapidement. L’écriture est dynamique et le récit ne manque pas d’intérêt. Lu à voix haute cette lecture, partagée avec mes deux filles, nous a séduites par la diversité des thèmes qui se croisent et rappellent le chemin parcouru sur l’intégration des femmes dans la société et sur le rapport homme-animal étroitement lié à la compréhension de l’intelligence de ce dernier.
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