Un immeuble qui décide de s’en prendre directement à ses habitants, ces mêmes habitants qui se réunissent pour littéralement « casser la gueule » à l’immeuble … Oui, bon, on est d’accord, le bref résumé du dernier roman du belge Bernard Quiriny L’affaire Mayerling publié chez Rivages n’est peut-être pas du plus bel effet. Mais chez Lettres it be, on s’est laissé tenter pour voir tout de même ce qu’il en était. Et on a bien fait !
La bande-annonce
Qu’arrive-t-il aux habitants du Mayerling ? Cette résidence neuve de haut standing, aux occupants triés sur le volet, est une promesse de sérénité à laquelle succombent de nombreux acheteurs en quête de sécurité dans la petite ville de Rouvières. Mais derrière ses portes protégées par les digicodes, la vie se dérègle peu à peu. Les Lemoine, jeune couple dynamique, s’entredéchirent la rage au ventre. M. Paul rêve d’assassiner les bruyants locataires de l’étage supérieur. Une odeur pestilentielle s’échappe du logement de Mme Meunier. Mme Chopard voit le fantôme de sa mère. Et la très pieuse et honorable Mme Camy se retrouve soudainement rongée par le désir. Aléas incontournables de la vie en communauté ? À moins que le Mayerling ait décidé d’en finir avec ses résidents… De situations cocasses en dérapages absurdes et incontrôlables, le narrateur retrace pour notre plus grand plaisir le naufrage d’une communauté aux tensions exacerbées. Véritable satire de l'urbanisme contemporain, ce roman aussi drôle que glaçant, héritier survolté de La Vie mode d’emploi de Perec et de La Trilogie de béton de J. G. Ballard dresse le portrait d’une société prisonnière de ses rêves de béton.
L’avis de Lettres it be
Enseignant en droit et tout le reste de travers (chroniqueur chez Chronic’Art ou Epok voire pour le Magazine littéraire etc.), Bernard Quiriny commence à être un habitué des rayonnages livresques. Il revient avec L’affaire Mayerling un thriller immobilier surprenant du début à la fin. Tout commence avec un banal récit de voisinage, avec les péripéties des uns et des autres autour d’un projet immobilier opaque qui aurait fait les choux gras d’un numéro d’Enquête Exclusive. Mais de fil en aiguille, Quiriny nous emporte vers bien d’autres choses. Professeur de droit de son état, il était impossible pour Bernard Quiriny de ne pas revenir à ses premières amours et nous inculquer quelques notions en droit immobilier. C’était absolument dispensable et pourtant, tout cela ajoute au roman, dès son ouverture, une petite touche d’originalité bien sentie. Mais de cela, on va très vite aller vers un thriller quasi-surnaturel où l’immeuble prend vie et semble vouloir mener la vie dure à ses habitants. Oui, oui, vous avez bien lu !
Des voisins tapageurs, un repas entre amis qui tourne mal, des histoires de couple qui empirent … On commence crescendo dans L’affaire Mayerling à faire connaissance avec les nombreux personnages qui habitent les pages. Des personnages bien posés d’ailleurs et qu’on retrouve facilement dans le fil du récit, un (très) bon point à souligner. Ensuite, les mots appellent les maux : un poisson qui arrive dans l’eau noirâtre d’une baignoire bouchée, une femme qui tourne folle à la vue d’esprits … Ca devient carrément flippant dans cet immeuble mais impossible de lâcher ce roman où seule l’arrivée d’extraterrestres en poney semble désormais peu probable. Jusqu’à une fin plutôt délirante mais franchement bienvenue.
La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/critiques-de-romans/auteurs-de-p-%C3%A0-t/l-affaire-mayerling-de-bernard-quiriny/