L'Âge de diamant par Karhmit

Drôle de roman que celui-ci. Tout le long j'ai eu l'impression, puis la conviction, que l'intrigue ne servait en fait que de prétexte pour aborder le plus grand nombre de thèmes et d'aspects de l'univers.

L'histoire, mélangeant plusieurs personnages aux destins mêlés est plutôt simple, malgré la multiplication des points de vues et ses bonds dans le temps déroutants, et se finit de façon assez abrupte, laissant en plan pas mal de personnages.

Par contre, au niveau de l'univers, c'est un roman incroyable. L'auteur décrit ce monde envahi par les nanotechnologies de façon très originale et saisissante, s'attardant sur des scènes assez banales mais très belles. Un passage qui m'a marqué est celui où l'un des personnages forme avec ses mains un puits, pour pouvoir y observer les nanotechnologies en train d'émettre de vives lumières électriques, comme autant d'étoiles. Mais aussi le paragraphe sur les bulbes, machines volantes qui forment un immense filet chargé de filtrer les étrangers aux frontières, que les enfants récupèrent comme des trophées.

Ces passages, ces anecdotes, montrent que l'auteur n'a pas uniquement réfléchi à la façon dont fonctionne un monde gouverné par les nanotechnologies (une civilisation morcelée en castes, ou chacun peut potentiellement vivre de la manière qu'il veut ), mais aussi à la façon dont les nanotechnologies peuvent changer la vie quotidienne de l'homme, à tous ces petits détails qui rendent un univers vivant et cohérent.

Le roman comporte aussi toutes les références habituelles du genre : machine de Turing, rétro-futur, fascination pour les animaux, tribus cybernétiques etc etc.

Quelques regrets empêchent tout de même ce livre d'être absolument indispensable : son intrigue et la psychologie de ses personnages, trop faibles ; le Manuel, immense métaphore de la vertu des livres et de la curiosité, mais qui recèle quelques passages sans intérêt ; et sa fin, un peu tirée par les cheveux.