Pour celles et ceux qui aiment les polars sur fond historique.
L’aiguille dans la botte de foin de Ernesto Mallo, qui signe le début d’une série policière (prometteuse).
Ce pays au passé mouvementé et tourmenté nous attire et nous fascine.
Et il est encore question ici de la dictature des années 70-80 et des bébés volés.
Sur cette toile de fond historique, l’argentin Ernesto Mallo nous peint un polar plutôt bien fichu, dans les tons bien noirs, ça va de soi.
Par un froid matin d’hiver, le commissaire Perro Lascano est appelé sur un terrain vague pour deux cadavres, deux subversifs, la tête criblée de balles (on apprendra plus tard pourquoi les milices semblent gaspiller ainsi leurs munitions) : jusque là rien de bien nouveau sous le soleil argentin, c’est la routine de la justice expéditive de cet état policier. Inutile d’investiguer, mieux vaut classer le dossier.
Sauf que sur place, Perro découvre un troisième cadavre qui n’a rien à voir avec ceux des deux jeunes gauchistes.
Chapitre après chapitre on fait la connaissance de toute une galerie de personnages qui souffrent ou profitent, c’est selon, du climat délétère dans lequel la junte a plongé Buenos Aires.
Au centre de la galerie de portraits, le commissaire Lascano erre comme une âme en peine.
En peine de sa dulcinée Marisa, disparue beaucoup trop tôt et qui revient le hanter, de jour comme de nuit. Si bien qu’Ernesto Mallo parvient même à nous faire croire aux fantômes.
Au fil de l’écriture très maîtrisée d’Ernesto Mallo (une écriture qui rappelle le style des bons vieux polars noirs), l’enquête de Lascano avance très lentement mais l’inspecteur se montre aussi obstiné qu’un chien (d’où son surnom : Perro) et finira, en même temps que nous, par connecter les différents personnages croisés en chemin … pour une fin déroutante et désespérée, on est en Argentine.
Est-ce une Amérique du Sud désabusée qui veut cela ? L’ambiance dépeinte par Ernesto Mallo rappelle un peu (l’humour en moins, on est en Argentine) celle du chilien Ramón Díaz Eterovic et des enquêtes de don Heredia à Santiago.
Mais on est en Argentine, en pleine dictature et le regard d’Ernesto Mallo est encore plus sombre, plus désespéré que celui du chilien.
En dépit de cette noirceur, la belle écriture de l’auteur fait qu’on a quand même hâte de repartir à Buenos Aires pour une nouvelle enquête aux côtés de Perro Lascano (ce sera Un voyou argentin, déjà paru en français).
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