L'aimant
6.5
L'aimant

livre de Richard Gaitet ()

L’aimant est un roman de 2016, sous-titré Roman magnétique d’aventures maritimes et qui se veut suite spirituelle du roman Le sphinx des glaces de Jules Verne, lui même suite spirituelle des Aventures d’Arthur Gordon Pym, roman d’Edgar Allan Poe.


L’idée de base donc me plaisait énormément. D’abord parce que même si je ne considère ni les Aventures d’Arthur Gordon Pym, ni le Sphinx des glaces parmi les meilleurs œuvres de leurs auteurs respectifs, ce sont deux romans dont j’ai globalement apprécié la lecture. Ensuite et surtout parce que faire une suite spirituelle à une suite spirituelle est une démarche que je ne peux qu’approuver. Je dirais même que je considère ça une démarche quasi obligatoire. Avec le danger malheureusement de casser l’enchaînement et produire un résultat indigne de ses prédécesseurs, comme c’est le cas ici.


Visuellement pourtant, l’Aimant part bien : il rappelle les éditions classiques des romans de Jules Verne et comporte des illustrations qui contribuent à rendre hommage au format de ces éditions classiques. La première de ces illustrations est d’ailleurs assez dans l’esprit même si le trait est nettement plus moderne. C’est après que ça se gâte franchement.


Au niveau du texte c’est pareil. On part sur un jeune marin qui gagne le port pour sa première mission à bord d’un bateau, et jusqu’ici tout va à peu près bien. Difficile de situer exactement l’époque, mais rapidement on s’aperçoit que c’est quand même plutôt moderne, première déception pour moi, mais c’est totalement subjectif. Enfin pas totalement puisque quand Jules Verne écrit sa suite en 1897, il place son action presque soixante ans plus tôt en 1839 afin d’être raccord avec le texte d’Edgar Poe. Rien de tel ici, mais l’auteur prend bien soin tout de même de munir son personnage des deux romans de Poe et Verne, tout comme le personnage de Verne avait lu le roman de Poe.


Sauf que dès les premières pages, le jeune apprenti marin perd un de ses livres qui tombe à la flotte. Et un point supplémentaire qui vient me gêner, je ne peux pas m’empêcher de penser à ce roman tombé à l’eau en lisant les chapitres suivant, ça me gâche la lecture tant qu’il ne l’a pas retrouvé, ou remplacé, ça me frustre. Je sais, je suis un peu bizarre. Sur le coup ça renvoie quand même plutôt bien à la frustration ressentie en lisant les Aventures d’Arthur Gordon Pym dans lequel le chien du héros disparaît comme si l’auteur l’avait oublié.


Un peu frustrant donc, et la lecture m’est difficile, mais c’est parfois le cas avec d’autres romans pour lesquels je dois m’accrocher et persévérer à travers une longue intro avant de me prendre à l’histoire et d’apprécier le reste.


Ici, ça va de mal en pis. Le roman a un côté parodique, mais qui ne parodie ni Edgar Poe, ni Jules Verne. Je peux apprécier ce genre d’humour, mais ça tombe à plat et c’est présenté d’une telle façon que ça me laisse simplement perturbé, incapable de me représenter les personnages présentés comme étant des être humains. Les références s’enchaînent, références qui me parlent généralement puisque l’auteur est de ma génération, mais me laissent complètement froid.


Et puis ça part dans l’absurde, le n’importe quoi. La cave d’un phare qui donne dans une grotte immense, caverne sous-marine où le protagoniste va vivre une expérience dont on arrive pas à savoir si il s’agit d’une hallucination ou non, mais qui n’a aucun sens si ça n’en est pas une. Une fixation bizarre sur les pièces de monnaies et leurs germes. Des personnages qui se détestent, sans raison, mais se racontent quand même leurs expériences les plus intimes et les plus humiliantes …


Et plus le livre avance, plus il est absurde. Je peux apprécier l’humour absurde ou certaines situations qui le sont. Je peux apprécier de l’absurde visuel qui demande du talent pour représenter quelque chose qui sort de la réalité. Mais par écrit ça ne demande rien, ni travail ni talent pour simplement écrire n’importe quoi sans qu’il y ait de sens ou de logique.


Alors j’ai laissé tomber.


Oui pour la première fois depuis le début de mon blog de critiques, et après avoir tenté plusieurs fois de mettre ce roman de côté et le reprendre je me suis simplement dit que ça n’en valait pas la peine et je l’ai lâché à environ la moitié de l’histoire. Ça m’est déjà arrivé avant, mais c’est rare, en tout cas pour tout ce qui est publié. Non seulement l’auteur mais le correcteur, l’éditeur et toute une équipe sont supposés relire un texte et fournir un résultat professionnel, cohérent, sur lequel on doit pouvoir rapidement juger si c’est notre truc ou pas. Mais là non …


J’ai lu des résumés et des critiques de ce livre par ailleurs. J’ai essayé de comprendre ce que je ratais, en vain. C’est supposé être drôle, ça tombe complètement à plat pour moi, c’est supposé être fantastique, c’est juste n’importe quoi, c’est supposé rendre hommage à Jules Verne ou Edgar Poe, ça ne ressemble ni à l’un ni à l’autre avec seulement des références superficielles et (presque) rien dans l’esprit.


Critique tirée de mon blog.

Mattchaos
3
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le 23 août 2021

Critique lue 45 fois

Mattchaos

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