J'ai toujours remis la lecture de ce livre au lendemain, ce qui est fort ironique vu que ce bouquin vous exhorte à ne pas remettre les choses aux lendemain!! La satisfaction (modérée) que je tire de sa lecture est donc mélangée à celle (plus authentique) que je connais à avoir enfin accompli une résolution sans cesse repoussée. Comme les alliages de métaux dont parle ce livre , mon sentiment est d'ailleurs mêlé de deux émotions : le plaisir et la déception.
Plaisir d'abord, parce que ce livre se lit très facilement (passé les 30 premières pages qui accrochent peu, je trouve) : il s'agit d'une quête initiatique entreprise par un jeune berger espagnol qui cherche un trésor au pied des pyramides, trésor entrevu en rêve puis confirmé ensuite par un devin mystérieux et une gitane opportuniste. Le jeune homme est lancé dans le désert à la poursuite de sa "Légende Personnelle", cette aventure personnelle que chacun de nous devrait accomplir dans sa vie. C'est là que le livre de Coelho marche le mieux, que son écriture simple et directe fonctionne bien et qu'on est le plus enclin à le suivre, comme on lit un livre de self-help.
De ce point de vue, à savoir cette nécessité de respecter ses rêves, Coelho tape juste et son oeuvre n'est pas le pire des bouquins à mettre dans les mains d'un ami en souffrance ou d'un jeune en quête de sens. J'ai bien aimé ces images de "chance du débutant" qui caractérise nos projets naissants et ce "défi du conquérant" qui consiste à oser toucher au but.
Déception ensuite, lorsque cette quête bien commencée et emplie de sagesse simple se perd un peu dans les sables du Sahara. L'accent, une fois l'Alchimiste rencontré, est mis sur cette présence divine qui unit toute chose, qui tout tient en place. Coelho nous parle d'un univers qui serait à notre écoute. Son récit s'envole en parlant de l'Amour et de celui qui est Amour... (Un passage est très irritant à propos des "coeurs" qui détiendraient une vérité que notre savoir nous cache, hum... ). La prière fait son entrée... J'aurais aimé que ce livre reste un petit bouquin pragmatique, emprunt d'une rude sagesse, ou au moins reste sur les rails d'une oeuvre littéraire. Mais peu à peu le texte devient "hors-sol", la figure du Créateur apparaît, avec ses miracles, avec son Fils, avec sa Bible, et le scénario patine, la conclusion est peu gratifiante... Dommage, ce prosélytisme gâche la fin de l'histoire, et rend le texte bien plat, plus rusé certes que La Tour de Garde, mais tout aussi orienté.
Ce livre est donc à prendre avec des pincettes, il dit beaucoup de bonnes choses dans sa première moitié, redonnera même sans doute du courage à son lecteur, mais s'évapore dans une épiphanie chrétienne facile et très appuyée sur la fin. Je recommande ce bouquin à qui cherche sa voie, en effet, mais son originalité s'use trop vite au fil des pages...