Les livres fonctionnels...
Alors que faut-il faire ici ?
Crier au scandale et dénoncer la malhonnêteté de cette pseudo fable sur la réalisation de soi ? Dire qu'il y a plein de choses dans le domaine plus intelligente, plus profondes (ce n'est pas difficile, c'est ici de l'ordre d'une flaque d'eau troublée pour masquer son absence de fond), plus jolies ?
On pourrait, ce serait légitime...
C'est un peu ce que j'aurais fait si j'avais écrit ça 5 ans plus tôt.
Mais entre temps, je suis devenu plus soft, moins marrant, et je ne vais pas me défouler sur l'ami Coelho.
Mais ce n'est pas seulement pour me montrer magnanime.
Non, en fait j'ai un aveu à faire.
Lorsque j'avais 20 ans, je traversais une sale phase, et lors d'un long trajet en voiture, je me suis plongé dans l'Alchimiste.
Et il s'est passé quelque chose. Ce livre a dans un sens changé ma vie. C'est du moins ce que j'ai cru.
J'avais une telle soif de changement, de transformation, que je me suis laissé avoir par ce livre, il m'a servi de support, de vecteur.
Alors est-ce que c'est grave, docteur ?
Je suis vraiment content que ce livre me soit tombé dans les mains au bon moment, et il a rempli son rôle à merveille.
Malheureusement, ça n'en fait ni un bon livre, ni un livre honnête pour autant.
Mais du coup, ça en fait un objet bizarre, qui appartient à une catégorie de livre à part, des livres qui auraient pu être bien, mais en fait non.
Ils font illusion un temps, puis le masque tombe.
Mais ils ont cette qualité non négligeable de confronter des lecteurs occasionnels à des idées, des références qu'ils n'ont peut être pas l'habitude de rencontrer, et c'est vraiment une bonne chose.
Est-ce que ça rend des DaVinci Code et consorts moins méprisables ? Non.
Mais c'est comme les mouches à viande, ils ont leur fonction dans l'écosystème livresque, il faut leur laisser ça.