Deuxième volet de la trilogie Les lames du cardinal, L’alchimiste des ombres reprend les mêmes protagonistes avec une intrigue plus fouillée que son aîné mais à l’architecture assez semblable. On retrouve avec plaisir les personnages ainsi que leurs caractéristiques très visuelles. Laincourt, le nouveau venu, s’en tire bien dans son rôle de lettré mais sa personnalité un peu trop en retrait le cantonne au second plan.
Pevel continue à enchaîner les chapitres à un rythme (trop?) effréné et ne prend jamais le temps de donner de l’épaisseur à ses protagonistes. Si cet écueil pouvait passer inaperçu dans le premier opus, il saute ici aux yeux. Il devient difficile de comprendre les motivations qui ont pu pousser ces Lames d’exception à rentrer au service du Cardinal et encore plus de former une équipe soudée. Si l’action, les frissons et les retournements ne font jamais défaut à l’aventure, on regrette que l’auteur ne prenne pas plus de temps pour évoquer le passé de ses personnages. J’espère que cette lacune sera comblée dans le troisième roman.
Hormis ce problème, il est difficile de lâcher le roman tant Pierre Pevel maîtrise l’art du suspens. Les ficelles ont beau être d’occasion, la trame est solide et le plaisir intact. Si on peut reprocher les économies faites au niveau du passé des Lames, on ne peut que s’incliner devant la maîtrise du tempo. On ne s’ennuie jamais, même face à la linéarité de l’aventure.
Pevel est un auteur du présent, tourné vers l’action. Pour dépoussiérer ce XVII siècle littéraire, il a su parfaitement distiller ses emprunts à la Fantasy. Mais peut-être trop ancré dans le présent, il asphyxie parfois le lecteur qui souhaiterait bien s’accorder quelques gorgées de passé.