Mais qu’est ce qui (ou qui) a bien pu pousser Seth Hubbard, riche propriétaire du Misissipi à léguer toute sa fortune à Lettie, sa femme de ménage noire ?
C’est à cette question, apparemment insensée, que va devoir répondre l’avocat Jack Brigance (déjà apparu dans Non coupable ) s’il ne veut pas que sa cliente soit spoliée par la meute d’avocats bien décidés à l’écarter de l’héritage.
John Grisham, lui-même ancien avocat, est devenu un écrivain spécialisé dans les romans judiciaires et du Sud des Etats-Unis. C’est un auteur réjouissant car il n’hésite jamais à mettre le doigt là où l’Amérique a mal : le racisme, la corruption des politiciens, les dessous de la Justice etc… Rien d’étonnant donc de le retrouver avec un roman traitant de la Justice au Mississipi.
L’allée du sycomore est un roman propre, impeccablement ficelé et parfaitement maîtrisé d’un bout à l’autre. Normal, l’auteur connaît son affaire. L’intrigue est simple bien que pas mal d’éléments extérieurs viennent la perturber et Grisham a l’art de nous faire comprendre les arcanes, les sournoiseries et les petits arrangements de la justice américaine, souvent bien différente de la nôtre. Il croque au passage, avec gourmandise, la pugnacité des grands cabinets d’avocats, à l’égo surdimensionné, toujours prêts à en découdre pourvu qu’il en découle quelque substantiel profit, en opposition avec les avocaillons sympathiques mais inefficaces, rongés par leur médiocrité.
C’est aussi une peinture sans concession d’un Sud profond d’où l’Amérique d’aujourd’hui n’est pas encore parvenue à extirper les racines du racisme ordinaire et où l’intolérance, en général, est une seconde nature.
Les personnages, qu’ils soient excessifs, pittoresques ou détestables sont tous habilement dépeints et ne souffrent d’aucune fausse note.
Du bon travail, net, sans bavure mais manquant d’un peu de piquant.