A presque cinquante ans, Aurélien est le directeur du département des peintures, au Louvre. A ce titre, il veille sur la sécurité et la bonne conservation de la Joconde. Or selon Culture Art Media Patrimoine, société d'audit, une restauration du tableau permettrait d'augmenter considérablement le nombre de visiteurs, et donc la rentabilité du musée. Daphnée, la nouvelle présidente, une femme énergique et moderne, charge Aurélien de trouver un restaurateur capable de mener à bien une opération dite d'"allègement des vernis." Aurélien, pour qui restaurer la Joconde est une hérésie, n'a pas d'autre choix que de s'exécuter. Dans cette société saturée d'images où polémique et immédiateté règnent en maîtres, où peu de visiteurs prennent le temps de s'intéresser aux oeuvres et où le musée devient pour beaucoup le lieu d'une mise en scène de soi plus que de culture, la restauration d'un tel chef d'oeuvre est un enjeu de taille....
J'ai lu L'allègement des vernis avec passion. Histoire de la Joconde, techniques de restauration de tableaux, enjeux du métier de conservateur et opposition entre conservateurs à l'ancienne et nouvelle génération, adaptation des musées à l'évolution des publics, notion de rentabilité appliquée aux musées, on trouve tant de choses dans ce premier roman ! Paul Saint Bris mène aussi une réflexion sur la beauté et entretient un flou artistique autour de ses personnages : parfois, Monna Lisa est une femme et les femmes (Giuseppina et Lucrezia surtout) sont des oeuvres picturales. le personnage d'Homero apporte une fantaisie et une fraîcheur bienvenues. Paul Saint Bris nous régale à plusieurs reprises de mini analyses de tableaux. Son style élégant et maîtrisé donne beaucoup de tenue à ce roman, qui fera certainement partie de mes coups de coeur de 2024.