C’est du Chattam de toute évidence et on ne pourra pas, malheureusement, quelque part, le lire sans penser à ce que fait Franck Thilliez (et vice versa) tant les deux auteurs ont une plume approchante. Du coup, les histoires commencent de la même manière et L’Âme du Mal ne fait pas exception.
Ceci dit, on se retrouve en terrain connu avant de prendre une première balle vers la page 70. On se demande alors ce qui se passe. Tranquillement installé dans cette histoire qui débute tambour battant, voilà que l’auteur nous retourne et nous gicle sans concession de son propre récit.
Bien évidemment, c’est pour mieux nous introduire dans la suite et nous le faire apprécier... jusqu’à un certain point.
Ayant tout d’abord lu Léviatemps et Le Requiem des Abysses, je n’ai pas les mêmes références sur l’auteur puisque les romans suscités constituent pour moi la confirmation que Chattam est un grand. Seulement voilà, en ayant lu L’Âme du Mal, je me suis aperçu qu’il y avait quelque part une sorte de recyclage d’idées et non pas une seconde vision, une autre version, une autre approche des horreurs qu’il veut traiter.
Et si je parlais de Thilliez plus haut, ça n’est pas anodin puisque j’ai également retrouvé ici des similitudes dans les histoires. Qui a influencé qui ? Il est probable que Chattam ait eu le premier la bonne idée mais là encore rien de moins sûr. Reste alors le ressenti et pour moi, c’est clairement du déjà-vu au point que le dénouement ne m’a pas surpris, voire qu’il était d’un classique épouvantable. Avec le temps, il y a des choses qui ne se font plus car déjà exploitées maintes fois. Reprendre certains principes devient d’une facilité déconcertante et forcément décevante. D’accord, le livre a été publié il y a dix ans mais malheureusement, à cause de ça et à la différence des Abysses du Temps, L’Âme du Mal ne sera pas intemporel.
Là est donc ma déception sur ce roman qui reste tout de même excellent, dans la lignée de ce que j’ai pu lire de l’auteur jusqu’ici. Il n’empêche que j’ai ce goût amer de la facilité et de la redite au fond de la gorge. Il ne faudrait pas que ça se confirme et que je ne prenne pas la suite des aventures de Brolin pour constater que je relis une troisième fois la même histoire avec des détails différents.
Sans cela les personnages de L’Âme du Mal sont attachants, jamais plus fouillés qu’il ne le faut et si je devais faire une autre remarque déplaisante, ça serait que Chattam n’a pas laissé assez de place à ces personnages justement, ne pouvant s’empêcher de prendre le rôle du professeur pour balancer sa science. Mais bon, je pardonne car on sent bien que c’est fait avec passion et une envie de partager et pas, comme certains le font, afin de prouver qu’ils sont plus intelligents que les autres.
Point de vue ambiance, encore une fois, c’est dark. Si les personnages sont attachants, rien ne leur est épargné, laissant toujours planer un semblant de folie et ne parlons pas de l’assassin lui-même qui est le summum de toute cette démence, évidemment.
Comme souvent, pour ne pas dire toujours, chez Chattam, le fantastique vient se faufiler dans l’histoire et c’est encore une fois très réussi. Quand on connait l’auteur, on vient alors se demander comment il va faire pour rationaliser ces faits prétendument surnaturels.
Une bonne lecture, à n’en pas douter, malgré ce sentiment de déjà-vu et cette déception dans le dénouement de l’affaire.