L'ampleur du saccage par Nina in the rain
Pour ce roman, je me suis sentie retomber en enfance. En effet, j'ai la sensation de ne l'avoir lu que par opposition : Fabienne m'a dit que la présentation l'avait mise très mal à l'aise, elle ne voulait pas me le vendre et préférait me prêter le service de presse, je suis repartie deux fois sans le prendre et la troisième fois ma curiosité a été la plus forte. Curiosité ou instinct, allez savoir. Mais moi, j'étais certaine que j'allais aimer si j'arrivais à trouver du temps pour le lire d'une seule traite. Pour ça, quelques éléments sont nécessaires : un dimanche, de la pluie éventuellement mais pas forcément, un canapé, une couette, une baignoire, du bain moussant à la lavande. J'ai réuni tout ça, pris l'Ampleur du saccage... et beaucoup aimé !
La scène d'ouverture est forte, c'est sûr. Mais de toutes façons le sujet n'est pas facile, et de viol en viol on ne tricote pas un roman léger. Tout au long de ce texte puissant, Kaoutar Harchi nous montre des personnages en souffrance, exemples parfait des traumatismes que peut engendrer sur les jeunes garçons une religion répressive* quant au corps, au sexe et à la sensualité. Ce n'est pas le sujet du roman et pourtant on évoque ces hommes de Dieu qui se vautrent dans le sexe.
Les quatre hommes centraux du roman ont un problème avec une mère qu'ils ont trop aimée avant de la trahir, d'une manière minuscule ou énorme. Et ce bout de chemin que le lecteur fait avec eux ne va pas résoudre grand chose. C'est juste une tranche de vie comme on dit à la télé, mais elle est pleine de force et de sensibilité. Une arrestation, une évasion, des retrouvailles, un voyage, tout va très vite et le lecteur est emmené dans un tourbillon de sensations dont il ne sort pas indemne.
L'Ampleur du saccage est un très beau roman, difficile à offrir ou à conseiller mais qui montre qu'il existe une littérature un peu plus exigeante et qui ne cherche pas uniquement les bons sentiments. Moi, j'aime.
* Avant de me faire insulter, je préciserai simplement que cette répression est présente dans les trois religions dites « du Livre ».