Dans L'Ane d'or, on trouve, en vrac :
- Une initiation à la magie et au sacré, avec une dimension platonicienne, le tout à travers un récit plein de péripéties burlesques, avec quelques épisodes sensuels... mais avec toujours une certaine esthétique, drôle mais jamais graveleuse, même esthétique qui parcourt toute l'oeuvre et lui donne, particulièrement au début et à la fin, un côté fantasmatique, doré, heureux dans son insouciance - beau, enfin.
- Une mise en abyme du roman, à travers les différentes histoires (des protagonistes ou non) racontées par Lucius (notre héros) et interrompant continuellement le récit principal, surtout avec celle des amours de Psyché et Cupidon ; mais ces histoires sont un peu lourdingues à force, le plaisir du lecteur est un peu boudé car on finit par s'y perdre, et ce d'autant plus de par l'enchaînement des péripéties. Le roman va partout où il le peut, partout où il le veut : ce qui est finalement la principale force de L'Âne d'or.
- Une réflexion sur les souffrances éprouvées par l'animal : il y a une leçon d'humanité vue à travers Lucius changé en âne, un point de vue en quelque sorte nécessaire, qui est révélateur de la négligence et surtout de la cruauté humaine, non seulement à l'égard de l'animal, mais aussi de manière générale, autrui y compris.
- Une morale ? peut-être, ce serait alors quelque chose comme "la curiosité est un vilain défaut", mais attention, ce n'est pas si simple, car le parcours de Lucius en âne est une sorte de parcours initiatique ; comme on le voit avec le "happy end" qui montre le détournement de Lucius de toute mauvaise voie grâce à l'initiation aux mystères d'Isis, ultime marche vers le Bien.
- De la modernité, une belle écriture, de l'originalité, et de l'agrément même pour le lecteur contemporain. En somme, L'Ane d'or a certes des défauts, mais est plein d'une naïveté adorable à travers le candide Lucius, de drôlerie, de succulent - et il donne à penser, et à voir le beau.
(Pardon pour la concision de ma critique, je n'avais pas le courage de faire un pavé cette fois-ci !)