L'Ange des ténèbres serait, du point de vue de la narration, le plus expérimental des romans de la « trilogie » de Sabato : la structure narrative se trouve fragmentée en une suite de scènes tantôt réalistes, tantôt fantastiques, où s'entremêlent épisodes autobiographiques, réflexions philosophiques, histoires parallèles, critiques littéraires....
L'Ange des ténèbres (Abaddón el exterminador) est un roman expérimental de l'écrivain argentin Ernesto Sábato publié en 1974. C'est le plus connu, et le plus reconnu, de ses ouvrages publiés, l'écrivain en ayant détruit beaucoup avant leur publication. On apprend lors de la lecture du roman que Sabato, devenu non voyant à la fin de sa vie, se croyant victime d'un complot de la société des aveugles, en était même venu à regretter la publication de son précédent roman.
Ernesto Sabato est un écrivain engagé qui plonge son lecteur dans une structure narrative complexe pleine d'anecdotes, de superstitions, de fantômes et de labyrinthes. L'atmosphère est sombre et apocalyptique mais la lecture ce cet ouvrage sinueux, dépourvu de trame, m'a souvent gêné par son manque de discipline narrative. Parmi les "anecdotes", Sabato évoque Hitler et les nazis de la deuxième guerre mondiale, un peu d'astrologie, la fin idéalisée du parcours du Che et de ses compagnons d'armes dans la jungle bolivienne ainsi que la naissance de l'écrivain le jour de la Saint Jean (mais aussi celui du sabbat des sorcières pour cause de solstice d'été). La mort de son frère avait d'ailleurs poussé sa mère superstitieuse à déclarer sa naissance 10 jours plus tard, ce qui n'est pas le cas de l'auteur de cette chronique, né également le jour de la Saint Jean....et du sabbat des sorcières ^^....
Ce sont ces différentes saillies qui ont maintenu mon intérêt durant la lecture de l'ouvrage dont la narration est bien trop "tarabiscotée" et expérimentale pour qu'un lecteur distrait mais cartésien tel que moi y prenne réellement du plaisir. Sabato utilise son roman pour se mettre en scène lui même ou à travers des personnages fictifs pour d'abord et avant tout exposer ses opinions politiques. Erudit mais complexe, L'Ange des ténèbres est un livre "qui se mérite" dont la lecture peut s'avèrer parfois ardue, surtout si vous n'aimez pas vous égarer au fil des pages.... Au détour de telle ou telle scène, l'auteur paranoiaque, polytraumatisé par la dictature argentine et les épreuves de la vie (La vie n'est pas un chemin parsemé de roses, nous sommes nombreux en avoir pris conscience...), part dans des digressions de plusieurs pages qui m'ont souvent fait perdre le fil. N'ayant pas lu ses 2 précédents bouquins, je reconnais que je suis peut être parti avec un petit handicap...
Mais j'ai aussi mille fois affirmé que l'homme n'est pas explicable ou qu'il faut en tout cas chercher ses secrets non dans ses raisonnements conscients, mais dans ses songes et ses délires.
Ma note: 6/10