Je déteste finir un livre.
Quand je fini de regarder un film, je suis content de l'avoir vu, d'avoir découvert une chose nouvelle, que j'en garde un bon ou un mauvais souvenir. Mais ce n'est pas le sentiment que j'ai quand je fini un livre que j'ai aimé... Pourquoi est-ce fini? La suite est où? Je suis le premier à dire qu'une suite est souvent dangereuse, et c'est un risque de flop dans bien des cas... Mais pour les livres j'ai toujours ce sentiment nostalgique, cette envie de ne pas quitter les personnages que j'ai suivi tout le long de ma lecture. Que j'ai appris à connaître et à apprécier... J'ai pour habitude de faire traîner ma lecture lorsque je suis à fond dans une oeuvre, afin de prolonger le plaisir de lire ces histoires policières qui me passionnent. Si je suis ouvert à tous les genres en matière de films, je ne peux pas en dire autant des livres, je suis un inconditionnel du polar, bien que j'ai pu par le passé lire quelques romans SF que j'ai bien aimé. Et si je viens à parler de SF ici ce n'est pas innocent.
L'anneau de Moebius est la première oeuvre de Thilliez que je lis, et surement pas la dernière. Je me suis d'ailleurs empressé, quelques instants après avoir fini ce livre, d'en récupérer un autre du même auteur, que je vais lire sous peu. (En l'occurrence il s'agit de "Vertige").
L'anneau de Moebius est avant tout pour moi une oeuvre qui franchit les limites du polar standard. Et pour m'être renseigné sur la bibliographie de Thilliez, ça a l'air d'être sa marque de fabrique: innover. Parce que oui, je le trouve très innovant. Peut-être que cet avis ne sera pas partagé par tous, mais je trouve que Thilliez se donne du mal pour ne pas se contenter d'une affaire policière sordide pleine de retournements de situations et de twists en tout genres. Une dimension imaginaire entre en jeu dans l'histoire de ce livre. En plus de l'habituelle enquête policière, marque de fabrique et principe même du polar, Thilliez nous emporte dans le monde des rêves prémonitoires. Une dimension mystérieuse, mystique englobe l'oeuvre entière. Et pour tout vous dire, j'ai trouvé ça passionnant. Je ne sais pas si je suis bon client ou bien conseillé, mais je vois en Thilliez un candidat certain pour être une de mes références en terme de romans policiers.
Nous suivons donc l'histoire par le biais de deux personnages, Victor Marchal; jeune flic qui pour sa première enquête se retrouve à travailler sur l'enquête de toute une vie, et Stéphane Kismet; créateur de prothèses pour le cinéma au lourd passé, tourmenté par des rêves prémonitoires. Le livre se découpe en chapitre à durée variable, mais bien souvent courts. Le point de vue passe d'un homme à l'autre chapitres après chapitres. Notre lecture est guidée par un astucieux schéma temporel, découpé en morceaux qui correspondent aux différents rêves de Stéphane. Cette aide que nous apporte Thilliez permet de suivre la progression de l'oeuvre de manière claire et précise, sans se perdre dans les méandres du temps. L'audace de l'auteur est également d'aborder des thématiques sombres et malsaines comme les malformations congénitales ou le fétichisme de l'amputation. Pas de langue de bois donc ici, on parle de tout sans hésiter, et c'est peut être ce qui m'a séduit. On ne nous prends pas avec des pincettes dans ce bouquin. On ne vous épargne pas les détails. Vous faites face à l'horreur que vivent les personnages, l'immersion est aisée et on se laisse vite emporter dans cet univers.
Le livre m'a également fait réfléchir sur la notion de destin. Une question que j'adore et qui me passionne. Peut-on réellement influer sur notre futur? Est-ce que tout ce qui nous arrive est écrit, et nous ne pouvons rien y faire? Des théories existent, car nous ne pouvons rien prouver. Le point de vue que prend Thilliez dans son roman est intéressant et se rapproche de celui qu'on nous présente dans Steins;Gate (anime japonais tiré d'un visual novel) ou encore de l'expérience du chat de Schrödinger (citée dans l'oeuvre également), mais je ne vais pas m'attarder la dessus, mon but est uniquement de vous donner envie de lire ce livre, et le spoil en est le contre ultime !
Franck Thilliez ce dernier mot est pour toi: tu m'as séduit avec ce premier livre que je viens découvrir, je vais devoir juger tes autres oeuvres, tu n'as pas fini d'entendre parler de moi !
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